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HISTOIRE DES FAITS ECONOMIQUES CONTEMPORAINS

HISTOIRE DES FAITS ECONOMIQUES CONTEMPORAINS

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INTRODUCTION

L’histoire des faits économiques contemporains aux 19ème et 20ème siècles est dominée par un phénomène capital, le passage d’une économie de subsistance à une économie de croissance.

Ce passage d’une économie de subsistance à une économie de croissance est favorisé par une série de facteurs :

a) La progression technique : l’homme multiple l’énergie, crée la matière et maîtrise la mort.

b) La situation politique : La croissance économique du ‘’Monde Civilisé’’ entre 1815 et 1914 est stimulée par la paix, par l’émergence de nations, par un fait social : l’émergence de la bourgeoisie.

c) L’orientation idéologique : Les doctrines économiques dominantes du 18ème et du 19ème siècle, le libéralisme et le socialisme sont en effet ordonnées à ce problème de la croissance.

PLAN DU COURS

Première partie : Les conditions de la croissance

Deuxième partie : Le démarrage de la croissance

Troisième partie : La maturité de la croissance


PREMIERE PARTIIE

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LES CONDITIONS DE LA CROISSANCE

1700-1830

INTRODUCTION :

Les conditions de la croissance ont d’abord été préparées au 18ème siècle par une volonté de progrès, progrès que sollicite la philosophie des lumières, la prospérité du siècle. Dès ses première décades le 18ème siècle est animé par de longs mouvements de hausse des prix, une tendance séculaire orientée vers la hausse et un cycle kondratieff orienté vers la hausse également ; si bien que jusqu’en 1770 au moins le 18 siècle manifeste une allégresse économique qui suscite confiance dans l’avenir et foi dans le progrès.

Aspiration au progrès enfin, que sollicite l’idée de liberté. La liberté représente pour les philosophes comme pour les économistes le stimulant essentiel de l’initiative et du progrès.

Ces conditions de la croissance économique, idéologique et psychologique ont été particulièrement exploitées en Angleterre dès le 18ème siècle où apparaît une création du progrès, elles ont été ultérieurement installées sur le continent au début du 19ème siècle où apparaît une diffusion du progrès.

PREMIER CHAPITRE

L’Angleterre et la création du progrès

Cette création du progrès en Angleterre est liée à des éléments spécifiques qui sont :

a) L’avance idéologique :

· L’Angleterre a inventé l’empirisme

· L’Angleterre a systématisé le libéralisme

· L’Angleterre a transformé le christianisme

b) La constance politique : Dans l’Angleterre du 18ème siècle les révolutions ont cessé, les tensions ont diminué, Nobles et Bourgeois unis par la volonté d’enrichissement sont en contraste avec la France où l’opposition croît à la même époque entre Nobles et Bourgeois.

c) La prédominance économique : Elle est liée à l’essor commercial de l’Angleterre, essor commercial sans équivalent dans l’Europe du 18ème siècle. Il entraîne une accumulation de capital et autorise la multiplication des investissements, dans le temps même où l’esprit inventif des anglais est attaché à créer le progrès en perfectionnant l’agriculture et en rénovant l’industrie. Ainsi, une impulsion agricole qui induit une révolution industrielle, constitue les éléments de la création du progrès dans l’Angleterre du 18èmesiècle.

A/ L’Impulsion agricole

Dans l’Angleterre du 18ème siècle, l’agriculture devient un secteur dynamique. En effet les découvertes de la science appliquées à l’agriculture par les grands propriétaires font de cette agriculture une agriculture scientifique plus rentable. Elle entraîne un accroissement du capital disponible, ainsi qu’un accroissement de la main d’œuvre disponible.

1. L’accroissement de capital

a) Le capital croît d’abord parce que le rendement est amélioré

Une culture intensive efface la pauvreté relative du sol anglais, la jachère disparaît radicalement. C’est une véritable révolution agronomique qui contribue à libérer l’homme des contraintes du sol.

Parallèlement, un élevage sélectif assure l’utilité économique du cheptel anglais.

b) Le capital croît aussi parce que la superficie est augmentée

Au début du 18ème siècle les propriétaires fonciers, les aristocrates anglais admettaient l’exploitation collective de leurs terres suivant le système des champs ouverts ou ‘’openfields’’. Ils toléraient l’utilisation collective de leurs terres sur les terres cultivées pendant les jachères pour la pâture. C’est le système de la ’’vaine pâture’’. Ils permettaient sur les terres incultes la pâture en tous temps c’est un système des communaux ou ‘’commen lands’’.

Or, dans le courant du 18ème siècle les propriétaires fonciers contestent aux paysans l’exploitation et l’utilisation collective de leurs terres, car elles sont incompatibles avec les procédés de culture intensive qu’exige l’agriculture scientifique. Culture intensive excluant jachères et friches. Ils sollicitent du Parlement l’autorisation de clore et de remembrer leurs terres, ce sont les actes d’enclosures multipliés entre 1730 et 1800.

Ainsi clôture et remembrement accroissent la superficie des terres utilisables pour l’agriculture scientifique, donc accroissent rendement et capital des grands propriétaires. En même temps les ‘’enclosures’’ ont largement favorisé l’accroissement demain d’œuvre disponible.

2. L’accroissement de main d’œuvre

a) La main d’œuvre devient plus abondante

Parce que la population augmente ainsi que la natalité et que la mortalité diminue. Entre 1700 et 1800 la population anglaise double. Soit la plus force croissance européenne pour la période considérée. La population augmente également parce que le paysannat diminue.

L’agriculture scientifique élimine tenanciers et journaliers car les remembrements et les clôtures imposés par les actes d’enclosures attribuent les terres fertiles et les terres communales aux seigneurs provocant la ruine et l’exode des paysans. Exilés et désœuvrés, les paysans accroissent la force de travail disponible pour d’autres secteurs. Ils constituent une ‘’masse de réserve’’ pour un développement éventuel de l’industrie.

b) La main d’œuvre devient meilleur marché

La demande de travail est accrue sous l’action conjuguée de l’expansion démographique et de l’exode rural. Le niveau des salaires est contenu par l’action des lois d’assistance qui réduisent le salaire au niveau des allocations paroissiales accordées aux pauvres.

Ainsi, cette réduction des salaires procure encore une augmentation des capitaux disponibles pour d’éventuels investissements dans l’industrie. Dernier effet d’une impulsion agricole qui autorise les mutations radicales apportées au secteur industriel dès le 18ème siècle en Angleterre c'est-à-dire la révolution industrielle.

3. Les innovations propagées

a) Les innovations pénètrent dans l’industrie

- Progressivement les machines textiles remplacent le métier à main. En 1830 le dernier métier à main disparaît en Angleterre.

- Progressivement les machines à vapeur remplacent l’énergie traditionnelle.

Depuis 1815 la machine à vapeur est expérimentée dans le transport avec l’apparition des diligences à vapeur.

b) Les innovations transforment l’économie

Elles augmentent la production.

Elles augmentent la consommation, dès 1800 le métal tend à remplacer le bois dans les objets d’usage. Ainsi, en Angleterre à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème siècle les conditions de la croissance sont déjà réalisées. En revanche en 1830 le démarrage de la croissance est encore freiné car les transports et l’agriculture sont encore tributaires de l’énergie traditionnelle.

Sur le continent, à la même date, les conditions de la croissance sont faiblement réalisées car la diffusion du progrès créée en Angleterre apparaît singulièrement difficile.

CHAPITRE II

Le Continent et la Diffusion du Progrès

Jusqu’en 1830, la diffusion du progrès sur le contient est ralentie par des obstacles d’ordre politique, sociologique et économique.

a) Obstacles politiques

Ce sont les tensions (guerres de la Révolution et de l’Empire) ; les prohibitions ; même après le blocus continental, les douanes élevées interdisent l’importation et aussi l’exportation. Même l’Angleterre interdit l’exportation des machines et ralentit l’importation des céréales. Les douanes sont multipliées par les divisions nationales ; enfin les règlementations, régime corporatif conservé en Allemagne et restauré en Italie, en France le code de commerce promulgué par Napoléon est hostile aux sociétés (la Société Anonyme est soumise à autorisation), hostile au crédit. Ainsi les vieux principes du mercantilisme inspirent encore une action économique des états continentaux, entravant la diffusion du progrès comme l’entrave l’organisation traditionnelle de la société.

b) Obstacles sociologiques

- Une aristocratie attachée à la tradition

- Une bourgeoisie confinée dans la prudence

- Un paysannat voué à la médiocrité

c) Obstacles économiques

L’épargne est stérilisée, aristocrates et bourgeois immobilisent ou expatrient leurs capitaux, les paysans thésaurisent.

Le crédit est inadapté parce que la monnaie est rare et que la banque est désuète.

Néanmoins dès avant 1830, en certains pays des banques ainsi que des Etats participent au progrès pour restaurer et développer la puissance économique en utilisant un procédé traditionnel celui des grands travaux améliorant les communications locales. La création du progrès en Angleterre induit une diffusion partielle et sectorielle du progrès en matière de mécanisation et de communication sur le continent.

A/ Progrès dans la mécanisation

Jusqu’en 1830 la diffusion du machinisme est faible, les douanes gênent la diffusion et les ouvriers craignent la diffusion car pour l’ouvrier-paysan qui vit en combinant activité agricole et activités artisanale, la machine signifie le chômage et l’exode. La diffusion est faible mais elle est certaine. jusqu’en 1830, la diffusion du machinisme est inégale, elle varie suivant le niveau de prospérité et de technicité des pays. Elle varie également suivant la nature des activités.

Certains acteurs ignorent encore les procédés nouveaux, il y a donc des pays privilégiés en voie de mécanisation et des secteurs privilégiés en voie de mécanisation également.

1. Les pays en voie de mécanisation

a) La mécanisation est lente en France

Elle est favorisée par l’intervention des gouvernements ; la révolution organise la formation des ingénieurs, l’Empire suscite par le blocus continental les produits de remplacement et les machines de remplacement et la restauration qui par le tarif protecteur de 1816 sollicite la fabrication des machines françaises.

b) Mécanisation naissance en Allemagne

c) Mécanisation existence ailleurs : En Italie et en Russie

Même dans les pays relativement mécanisés comme la France les progrès varient suivant les secteurs d’activité.

2. Les secteurs en voie de mécanisation

a) Mécanisation nulle en agriculture

C’est encore les outils traditionnels qui sont utilisés.

Aux outils traditionnels et aux procédés traditionnels subsiste la culture extensive avec assolement triennal ou biennal. La crainte des disettes subsiste.

b) Mécanisation faible dans la métallurgie

En France six (6) entreprises seulement utilisent le four au coke.

La mécanisation est également faible dans le transport.

c) Mécanisation forte dans les textiles

Les industries textiles en France du Nord, de l’Alsace et de la Normandie constituent un secteur particulièrement dynamique. Ce sont les premières entreprises fortement mécanisées et concentrées.

Mais ce secteur textile est particulièrement vulnérable sensible au moindre déséquilibre agricole : Unehausse des prix agricoles entraine en effet une baisse de la demande du textile d’où une crise de l’industrie textile irrémédiablement propagée à l’industrie métallurgique, les demandes de machines, les demandes de charbon sont bloquées, ainsi les mauvaises récoltes de 1817 et de 1827 bloquent l’activité textile puis l’activité industrielle, c’est dire que par ses moyens comme par son rythme l’industrie du continent est encore subordonnée à l’agriculture, industrie qui est encore subordonnée à une agriculture traductionnelle incapable de favoriser une croissance trop faiblement sollicitée par des progrès réalisés dans les communications.

B) Progrès dans les communications

Au début du 18ème siècle sur le continent, le système des communications paralyse la création et la diffusion du progrès. Ces communications sont entravées par des obstacles juridiques et techniques.

Obstacles juridiques : les douanes intérieures

En France l y a les ‘’traites’’, les droits perçus à l’entrée et à la sortie des régions douanières qui divisent le Royaume. La situation est comparable en Russie, en Allemagne et en Italie.

Obstacles techniques : incommodité et insécurité des voies de communications.

Faute de routes, de canaux, des régions voisines présentent en contraste des disettes et des surabondances (contraste générateur de révoltes populaires).

En revanche courant 18ème siècle les obstacles ont été atténués sur le continent sollicité  de suivre les progrès de l’Angleterre dans les communications.

- par tendance économique : une hausse des prix et l’allégresse économique entre 1730 et 1770anime le commerce donc augmente le trafic, imposant des communications améliorées.

- par exigence stratégique : les guerres de la Révolution et de l’Empire multiplient les transports militaires imposant également des communications améliorées.

- par conscience politique : le sentiment national révélé et exalté par la Révolution française suggère une unité compatible avec les frontières intérieures.

Ainsi, les simplifications juridiques et les améliorations techniques représentent les aspects des progrès réalisés sur le continent en matière de communication.

1. Les simplifications juridiques

a) Les douanes intérieures disparaissent en France

b) Les douanes intérieures diminuent en Allemagne

Depuis 1818 la Prusse inaugure une union douanière le ‘’Zollverein’’ qui englobe les Etats d’Allemagne Orientale et d’Allemagne Rhénane. Dix ans après, la Saxe et la Bavière constituent une union douanière avec les Etats d’Allemagne centrale et d’Allemagne Méridionale.

Vers 1830 quatre zones douanières seulement divisent l’Allemagne. En revanche les douanes intérieures persistent en d’autres pays, en Russie et en Italie. Sur le continent la simplification douanière est encore limitée, comme est limitée l’amélioration technique des communications.

2. Les améliorations techniques

a) Les routes sont aménagées : rapidement en France

Dès le 18ème siècle la construction et la réfection des routes sont confiées à des ingénieurs spécialement formés et organisés, c’est le corps des Ponts et chaussées. A la veille de la Révolution un réseau de ‘’chemins royaux’’ relie la capitale aux grandes villes.

- localement en Italie du Nord

- lentement en Allemagne

b) Les canaux sont multipliés

Un siècle après, l’Angleterre la ‘’fièvre des canaux’’ saisit le continent. En France, vers 1830, la longueur des canaux a doublé. En Allemagne les accords entre Etats sont signés pour la régulation et la construction des voies navigables.

c) Les transports sont accélérés

Avec les routes améliorées, les râlais organisés la ‘’diligence’’ abrège les voyages. C’est jusqu’en 1830 le transport par excellence ; 15 h au lieu de 2 jours ½ entre Berlin et Magdebourg, 4 jours au lieu de 14 jours entre Paris et Toulouse.

Mais les transports sont insuffisants :

Pour les marchandises :

En Allemagne par exemple des hauts fourneaux sont éteints parce que l’acheminement du minerait est retardé.

En France parce que le transport du charbon entre les mines de St-Etienne et les usines de Paris impose 3 transbordements.

Pour les personnes :

Elles hésitent à voyager car les voyages sont dangereux : les diligences versent souvent, 1.000 morts pour la seule année 1827 en France.

Les transports sont couteux :

Ils annulent le bénéfice de la mécanisation et interdisent les avantages de la délocalisation, donc : Les transports sont inadaptés aux exigences de la Révolution industrielle, c'est-à-dire que le démarrage de la croissance est lié à une Révolution des transports déjà en Angleterre.

DEUXIEME PARTIE

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LE DEMARRAGE DE LA CROISSANCE

1830-1880

INTRODUCTION :

a) Economiquement la croissance démarre

Quant le rapport des investissements nets au Revenu national brut déborde la pression démographique sans que la consommation réelle par habitant augmente nécessairement.

b) Historiquement :

Le démarrage des nations européennes est situé entre 1830 et1880, mais suivant les conditions nationales de croissance la date du démarrage varie : Il est précoce en Angleterre, amorcé depuis 1830 : ultérieur en France et en Belgique, amorcé vers 1840 ; tardif en Allemagne, Italie et Russie, amorcé après 1850.

Le rythme du démarrage varie : Il est rapide en Angleterre, Allemagne et Belgique. Il est lent en France, en Italie et en Russie. Ainsi, c’est un démarrage échelonné mais généralisé.

Démarrage généralisé que sollicite d’abord : l’installation de la bourgeoise. Partout la bourgeoisie influence le pouvoir et favorise l’unité.

Démarrage généralisé que sollicite encore : l’évolution de la conjoncture. Jusqu’en 1845, l’économie européenne est freinée parla basse conjoncture, les prix agricoles baissent ainsi que les prix industriels. La situation est défavorable au démarrage.

En revanche après 1845, l’économie européenne est stimulée parla haute conjoncture. Les prix industriels comme les prix agricoles augmentent car la paix favorise la demande. Les revenus, donc les investissements augmentent. La situation est favorable au démarrage.

Démarrage que sollicite enfin : l’apparition du libre échange inauguré en Angleterre. La protection douanière vers 1830 mécontente les industriels anglais, jusqu’à cette date en effet l’industrie anglaise est dominante en Europe donc indifférente à la concurrence. Or, la protection douanière entrave non seulement les importations de matières premières en augmentant leurs prix, mais encore les exportations de produits fabriqués en suscitant des représailles.

Cette protection douanière mécontente également les ouvriers anglais car elle élève le prix du pain (surtout en période de crise céréalière) d’où les politiciens, les théoriciens discernent dans le libre échange le moyen de satisfaire les revendications des ouvriers et des industriels.

La suppression des droits à l’importation des céréales, le ‘’Corn Law’’ est le thème essentiel du mouvement‘’chartiste’’ (animé par O. Connor) pour résoudre les difficultés des ouvriers ; c’est le thème constant du mouvement ‘’livre échangiste’’ (animé par Cobdon) ‘’groupe de Manchester’’ à la fois pour éviter les tensions sociales et contenter les aspirations industrielles.

Dès 1842, le gouvernement anglais supprime les droits prohibitifs et dès 1860, il pratique le libre échange parfait unilatéral, les droits fiscaux comme les droits prohibitifs ont disparu.

Le libre échange est diffusé sur le continent

En France, malgré l’opposition, les industriels libéraux et même socialiste inspirent à la politique délibère échange imposée par Napoléon III. L’objectif avoué est d’abaisser le coût de la vie et de moderniser l’industrie, d’où le traité franco anglais de 1860 qui supprime la protection contre les produits anglais et qui inaugure toute une diplomatie de libre échangiste.

A la fin du second Empire le libre échange est établi non seulement en France mais aussi sur le continent, le démarrage de la croissance devient possible.

Le démarrage est amorcé par des stimulants essentiels, en matière de transports et de crédit, manifesté par un effet général l’expansion économique, payé par un coût social qui est la prolétarisation.

Trois chapitres dans cette seconde partie

Chapitre premier : Les stimulants du démarrage

Chapitre deux : L’effet du démarrage

Chapitre trois : Le coût du démarrage


CHAPITRE PREMIER

Les stimulants du démarrage


Le démarrage est subordonné à une majoration de l’investissement global donc du produit global.

a) Or, avant 1830 la majoration du produit global état freiné par l’insuffisance des transports

b) Avant 1830 également la majoration du produit global était freiné par l’insuffisance du crédit

c) Après 1830 : Deux stimulants brisent le ‘’goulot d’étranglement’’ formé par l’insuffisance des transports et du crédit :

- L’apparition du chemin de fer qui transforme radicalement la vie économique c’est ‘’la Révolution ferroviaire’’.

- L’organisation du crédit qui anime efficacement lave économique.

Ces stimulants provoquent le démarrage et achèvent la ‘’Révolution industrielle’’.

A/ La ‘’Révolution ferroviaire’’

B/ L’adaptation financière

A/ La ‘’Révolution ferroviaire :

Vers 1830, des innovations jointes engendrent un moyen de transport adapté aux exigences du démarrage : Le ‘’chemin de fer’’ dont l’incidence sur l’économie justifie le terme de ‘’Révolution ferroviaire’’.

Ces innovations concernent d’abord le roulement. Pour faciliter l’évacuation de la houille des mines aux usines, les ingénieurs anglais appliquent à la surface une technique utilisée au fond : des bennes montées sur rails. Le nouveau système de roulement le rail diminuant l’adhérence, diminue le coût des anciens transports et permet l’établissement de liaisons directes.

Surtout ces innovations transforment la traction. Diminuant l’adhérence, le rail, autorise l’utilisation efficace de machine à vapeur aux transports, car les bateaux à vapeur comme les diligences à vapeur avaient échoué. Ainsi naît la locomotive, inventée vers 1803 par Trevithick pour la mine ; adaptée vers 1815 par Stephenson pour la surface ; perfectionnée par Seguin vers 1830 pour la vitesse avec la chaudière tubulaire. La locomotive abolit la lenteur des anciens transports, permet l’établissement de liaisons rapides, la‘’Fusée’’ de Stephenson remorque 20 tonnes à la vitesse de 25 km/h.

Ces innovations transforment la mentalité. Le chemin de fer introduit une psychologie favorable à la mécanisation et à l’industrialisation, car il divulgue les avantages du machinisme, éveille les campagnes et accélère le rythme des affaires. Etre à la page au temps des chemins de fer, c’est ‘’être dans le train’’. Malgré les réticences, l’imagerie populaire traduit l’enthousiasme et l’enjouement pour ce nouveau moyen de transport.

Eliminant les derniers obstacles techniques au démarrage le chemin de fer provoque un double effet :

- Effet de délocalisation

- Effet d’accumulation


1. Effet de ‘’délocalisation’’

a) D’abord des lignes isolées animent les secteurs géographiques

Les chemins de fer miniers ‘’chemins à marchandise’’ raccordent directement les usines et les mines aux grands axes d’évacuation. Ces chemins à marchandise ont encore un tracé archaïque et parfois même une traction archaïque (on utilise encore le cheval pour la traction).

Apparaissent ensuite des chemins de fer interurbains reliant les centres économiques et politiques

b) Ensuite des réseaux organisés animent des ensembles politiques

Les Etats interviennent pour écarter les concurrences inutiles, pour imposer des tracés cohérents. L’extension des chemins de fer est croissante, les réseaux couvrent seulement les pays industriels, mais encore les pays agricoles. Cette extension explique l’effet d’accumulation.


2. L’effet d’accumulation

a) La ‘’Révolution ferroviaire’’ accroît l’investissement global.

Elle suscite un pullulement de ‘’Compagnies’’ ferroviaire (Société par actions qui construisent lignes et réseaux. A la fièvre des canaux succède le fièvre du rail qui saisit les ingénieurs, les entrepreneurs et les prêteurs.

Ainsi naît une spéculation qui attire l’épargne vers un investissement productif.

La révolution ferroviaire suscite un regroupement des ‘’compagnies’’ pour éviter des concurrences inutiles. Les ‘’grandes compagnies’’ utilisent les capitaux des petits épargnants ainsi que ceux de la Haute-Banque. La concentration des entreprises entraîne la concentration des capitaux.

b) La ‘’Révolution ferroviaire’’ accroît le produit global

Le chemin de fer développe la mécanisation car il utilise la machine pour sa construction et pour sa traction. En France, de 1850 à 1870, le nombre des locomotives passe de 900 à 4.800. Il favorise la machine car il transporte rapidement les matières premières et les produits fabriqués. Ainsi le chemin de fer développe le machinisme dans les pays déjà industriels et éveille au machinisme des pays encore agricoles comme l’Italie et la Russie.

Le chemin de fer développe la production, il stimule la fabrication des biens de production ainsi que la fabrication des biens de consommation, il distribue les revenus nouveaux et en favorise la diffusion locale.

Les effets économiques de la ‘’Révolution ferroviaire’’ ont été seulement rendus possibles par l’adaptation financière qui mobilise l’épargne disponible pour l’expansion.

B/- L’adaptation financière

Après 1830 le démarrage est stimulé par une adaptation financière qui transforme le capitalisme commercial dont le produit est relativement limité en un capitalisme industriel dont le produit est fortement augmenté.

a) L’adaptation financière est liée d’abord à une liberté du crédit

L’antique interdit qui frappait l’intérêt (depuis le IXe siècle) disparaît. En 1830 le décret de la ‘’Sacrée Pénitencerie’’ conseille de ne pas inquiéter les confesseurs qui absolvent les prêteurs à intérêt.

b) L’adaptation financière est liée ensuite à la stabilité de la monnaie

En 1830, le système monétaire de l’Europe est cohérent ainsi que constant, ainsi dès 1830, par la liberté du crédit et par la stabilité de la monnaie deviennent possibles :

- L’aménagement des organes financiers

- L’accroissement des moyens financiers

1. L’aménagement des organes financiers :

a) L’aménagement concerne d’abord les banques

Les banques sont multipliées, non seulement les ‘’banques centrales’’ banque d’Etat comme la banque d’Angleterre, la banque de France, la banque de Prusse, la banque de Russie qui accordent encore un crédit restreint mas surtout les ‘’banques locales’’ qui répartissent plus également les disponibilités monétaires ou financières, les banques locales déjà nombreuses en Angleterre, en Allemagne et en Belgique, plus rares en France où les marchés financiers sont gênés par les disparités.

Les banques sont diversifiées, pour mieux soutenir l’entreprise apparaissent les ‘’banques d’affaires’’ pour mieux saisir l’épargne apparaissent les ‘’banques de dépôts’’ qui ont une fonction capitale : la liaison entre les petits épargnants et les grosses entreprises, il doit pour elles de drainer les capitaux isolements inutilisables et globalement indispensables tradition anciennement inaugurés en Angleterre avec les ‘’Saving banka’’ et lentement imitée sur le continent après 1850, ainsi en France dès le second-empire les différents niveaux d’épargne sont atteints.

Les gros épargnants avec le ‘’crédit industriel et commercial’’ et les petits épargnants avec le ‘’crédit Lyonais’’ et la ‘’Société Générale’’, ainsi l’Allemagne après 1850 à un développement considérable car l’organisation bancaire Allemande confond banque d’affaires et banque de dépôts, la banque allemande tend vers la prééminence européenne.

Les banques sont renforcées, la banque primitivement était une entreprise familiale et artisanale même la‘’haute banque’’ progressivement les banques obtiennent un statut sociétaire qui augmente leur captal et développe leur force.

b) L’aménagement concerne ensuite les sociétés

Jusqu’en 1850 la législation commerciale est hostile à la société anonyme d’où une persistance de structures archaïques en France et en Angleterre.

Après 1850 la législation commerciale es favorable à la société anonyme. En Angleterre la ‘’Companies act’’de 1856 et en France la loi de 1867 accordent la formation de sociétés anonymes sans restriction.

Dès lors les actions des sociétés anonymes aisément cessibles et transmissibles contribuent à mobiliser l’épargne et à développer l’entreprise.

c) L’aménagement concerne enfin les Etats sur le continent

Les Etats participent au financement du démarrage par la conversation des rentes. Avant 1830 la rente est un placement favorisé mais il stérilise l’épargne. Après 1830 les Etas révisent leur dette en convertissant les rentes d’où une nouvelle répartition du capital disponible les fonds publics sont moins rechercher et les investissements privés sont davantage appréciées.

Les Etats participent au financement du démarrage par la contribution à l’entreprise. L’Etat souscrit et devient actionnaire, l’Etat subventionne.

2. L’accroissement des moyens financiers

a) Accroissement des moyens en crédit

Le moyen traditionnel le ‘’court terme’’ l’escompte est fortement développé par son taux baisse, par sa parité, par sa sécurité l’exécution sur la personne disparaît du droit européen.

Le moyen nouveau est le long terme, l est progressivement organisé. Les avances sont accordées plus facilement et les actions sont diffusées très largement. L en résulte une spéculation effrénée qui draine les capitaux disponibles.

b) Accroissement des moyens en monnaie

Pour pallier la carence monétaire l’émission des billets de banque est augmentée, procédé séculaire inventé par la banque de Suède en 1650. Mais au XIXème siècle l’émission dépasse fréquemment l’encaisse métallique, ce qui augmente et détend la circulation monétaire.

Pour consolider la circulation fiduciaire l’émission est contrôlée, contrôle quant à la cause de l émission, quant au volume de l’émission avec le principe de la limite rigide en Angleterre et souple en France, quant à la source de l’émission.

Pour préserver l’activité économique l’émission est adaptée. Les crises du XIXème siècle menacent fréquemment la circulation fiduciaire. En 1848 et 1857 apparaissent les contractions de crédit. Les banques centrales freinent l’émission et la conversion pour préserver la monnaie fiduciaire et reprennent et détendent l’émission pour éviter le blocage de l’économie par carence monétaire. Ainsi les banques centrales régularisent le marché monétaire et financer contribuant à l’expansion économique, effet du démarrage qu’elles ont stimulé avec l’ensemble du système bancaire adapté.

CHAPITRE II

L’effet du démarrage

Après 1830 le ‘’démarrage’’ est manifesté par l’expansion de l’économie européenne :

- Expansion générale, malgré les décalages nationaux

- Expansion persistante, malgré les dépressions, les déséquilibres et les blocages relativement périodiques de l’économie.

Ces dépressions stimulent fréquemment l’économie. Elles évoluent progressivement, les crises agricoles disparaissent, les crises industrielles dominent avec un schéma nouveau : baisse des prix industriels et agricoles et blocage de l’économie. Particulièrement significatif apparaît le contraste entre la crise de 1847 et celle de 1857.

Ces dépressions persistent rarement. Parfois même une expansion plus vigoureuse apparaît après cette crise, c’est ainsi qu’après 1857, tous les secteurs de l’économie (Industrie, Agriculture, Commerce) sont maintenant atteints par le ‘’démarrage’’ qui accroît régulièrement. :

- La production des biens

- La circulation des biens

A/ Démarrage et production

Le démarrage implique l’élimination des procédés anciens et l’amélioration des procédés nouveaux, il concerne donc le secteur industriel comme le secteur agricole.

1. Le secteur industriel

a) La production est augmentée

Dans l’industrie métallurgique et dans l’industrie textile, partout le volume de la production est augmenté et le prix de revient diminué.

b) La production est améliorée

L’industrialisation concurrence la production artisanale en assurant la qualité et la diversité.

Pareillement le démarrage entraîne l’industrialisation d’un secteur encore traditionnel : le secteur agricole.

2. Le secteur agricole

a) Le démarrage entraine une adaptation des structures

- Pour répondre aux exigences d’une agriculture scientifique apparait une concentration des terres (sauf en France) qui persiste malgré la Révolution.

- Pour développer le rendement du travail le servage est aboli (sauf en Allemagne depuis 1821 et en Russie après 1865).

b) Le démarrage entraine une amélioration des techniques

Les engrais chimiques autorisent la suppression des jachères, l’assolement est continué après 1830 en France et en Allemagne, après 1860 en Italie

Les machines agricoles autorisent une diminution du coût.

c) Le démarrage entraîne l’augmentation des produits

Les récoltes augmentent et les familles disparaissent. En 1847 apparaît la dernière crise de subsistance de l’occident industrialisé.

La circulation des produits agricoles est singulièrement favorisée par le démarrage qui atteint le secteur commercial.

B/ Démarrage et circulation

La révolution des transports et la libération du commerce étendent l’aire des échanges, dans les nations européennes, entre les nations européennes, hors des nations européennes, on assiste à une‘’Européanisation ‘’ du Monde qui recule les limites du commerce.

Les populations sont sollicitées de consommer mieux d’avantage, c’est dire que dans le secteur commercial le démarrage est manifesté par :

- Une augmentation du volume des échanges

- Une transformation de la structure des échanges


1. Volume des échanges

a) Accroissement généralisé

Dans les échanges intérieurs et dans les échanges extérieurs.

b) Accroissement organisé

Par les foires, la publicité et l’enseignement commercial. Le volume du commerce augmente parce qu’aussi les produits sont mieux adaptés aux besoins et aux goûts des consommateurs, le démarrage provoque une transformation dans la structure des échanges.

2. La structure des échanges

Jusqu’en 1850, au temps de la protection les nations importent des matières premières et exportent des produits fabriqués. Les exportations sont généralement supérieurs aux importations.

Après 1850, au temps du libre-échange les nations importent non seulement des matières premières mais surtout des produits fabriqués. Les importations sont souvent supérieures aux exportations pour suppléer une production nationale insuffisante en quantité et en diversité car partout les revenus nationaux ont augmenté. En revanche la part du travail dans la répartition du revenu national à moins progressé. Il en résulte u appauvrissement relatif du travailleur industriel qui représente le coût social du démarrage.

CHAPITRE III

Le coût du démarrage

Par la mécanisation le démarrage transforme radicalement la société traditionnelle rurale et artisanale en une société industrielle où le travail est fortement concentré et fortement divisé. Progressivement les travailleurs industriels les ‘’ouvriers’’ acquièrent une importante croissance dans l’économie. En Angleterre dès 1830, 50% de la population exerce une activité industrielle. En France et en Allemagne la population ouvrière double entre 1830 et 1850 même dans les pays essentiellement agricoles la population ouvrière croît. C’est le cas de la Russie et de l’Italie qui dès avant 1880 triplaient leur nombre d’ouvriers.

En effet, le ‘’démarrage’’ agricole augmente la population ouvrière. Les paysans évincés dans campagnes par le progrès sur le continent comme en Angleterre au temps de la révolution industrielle, sollicitent un travail industriel dans les villes et dans les usines. Ainsi l’exode rural fournit la main d’œuvre indispensable au démarrage industriel.

Aussi bien le ‘’démarrage’’ industriel empire la condition ouvrière. Ainsi naît et croît un groupe social nouveau, une ‘’classe’’ différenciée matériellement et moralement pour qui vivre c’est ne pas mourir.

L’éviction du paysannat et l’extension du prolétariat constituent le double aspect du coût social entrainé par le ‘’démarrage’’.

A/ L’éviction du paysannat

Suivant le modèle observé en Angleterre au XVIIIe siècle les applications de la science et de la machine aux entreprises agricoles concentrées provoquent l’éviction du paysannat.

Précisément, sauf en France où les los révolutionnaires ont favorisé : dispersion des terres, en Europe l’exploitation agricole est concentrée puisque le régime domanial est encore dominant.

C’est-à-dire un type d’exploitation mieux aux exigences d’une agriculture scientifique et mécanique.

Ainsi, au niveau des petits exploitants le ‘’démarrage’’ agricole implique :

- Une dégradation des revenus

- Une réduction de l’emploi

1. La dégradation des revenus

- Les revenus du paysannat deviennent plus faibles. En Angleterre l’écart entre les courbes (revenus des paysans et coût de la vie) est toujours minime. L’industrialisation élimine les activités annexes du paysannat, l’ouvrer paysan et l’artisan rural disparaissent.

- Les revenus du paysannat deviennent très sensibles à la concurrence nationale, à la concurrence internationale et aux fluctuations économiques. La crise de 1847 entraine un exode massif des paysans vers les villes et vers l’Amérique.

- Les revenus du paysannat deviennent trop insuffisants. Economiquement les conditions matérielles sont dures, en Angleterre les logements à pièce unique dominent, en France dans le département de l’Orne (pays d’élevage) le paysan mange de la viande seulement les jours de fête. Les conditions morales sont pénibles, les droits seigneuriaux disparaissent mais la protection seigneuriale subsiste le grand propriétaire discute âprement le bail fermier et le salaire du journalier, impose fréquemment des prestations (corvées) et interdit constamment la chasse.

Ces conditions matérielles et morales justifient l’exode des paysans, singulièrement développé par une réduction de l’emploi qu’entraine d’autre part : le démarrage agricole.

2. La réduction de l’emploi

a) Imposée par les innovations agricoles

Progrès du machinisme, concurrence des grands propriétaires qui ruinent les petits exploitants, le paysan vend sa terre aux gros exploitants (Nobles et surtout bourgeois enrichis par l’industrialisation). Dès 1830 en Allemagne 50% des terres sont acquises par la Noblesse et la Bourgeoisie.

En 1845, l’ ‘’act’’ général d’enclosures en Angleterre achève la diminution du paysannat inaugurée au 18ème siècle. En France la petite exploitation est encore dominante d’où un retard agricole et industriel, en 1880 75% de la population est encore rurale, la grosse exploitation est néanmoins importante (la noblesse a partiellement reconstituée son domaine foncier).

b) Réduction de l’emploi favorisée par l’émancipation paysanne

Partout le paysan acquiert le droit à la liberté mais perd les avantages de la communauté. En Russie, suivant l’Ukase de 1861 le serf peut conserver son isba et son enclos, il peut racheter une parcelle domaniale attribuée en jouissance mais ces parcelles sont de dimension réduite et l’acquisition est difficile, en fait les terres libérées sont acquises par les gros fermiers (les ‘’koulaks’’) et par les riches bourgeois.

Or, à ces paysans qui sont ruinés et dépossédés et qui manient quelques dizaines de francs par an, l’industrie propose des salaires qui paraissent fabuleux, d’où un exode rural sans précédent.

Prolétarisé par les innovations agricoles, le paysan gagne la ville et il devient ouvrer et où la machine continue de le prolétariser provoquant une extension du prolétariat ouvrier.

B/ L’extension du prolétariat

L’extension du Prolétariat c'est-à-dire la dégradation matérielle et morale des travailleurs industriels est le fait social qui domine la période du démarrage et qui sollicite l’analyse des théoriciens du socialisme comme du libéralisme.

Préservant les thèmes essentiels du libéralisme, Ricardo justifie le Prolétariat en démontant que nécessairement et économiquement les salaires industriels sont réduits au minimum vital (‘’Loi d’airain’’ du capitalisme dénoncée ultérieurement par Lassalle).

Développant les thèmes essentiels du socialisme. Marx condamne le Prolétariat en démontrant que si le capitalisme réduit nécessairement un salaire au ‘’minimum vital’’ c’est que dans l’ordre capitaliste le revenu attribué à l’ouvrier est toujours inférieur à la valeur procurée par son travail, donc le revenu attribué au capital représente une ‘’plus value’’ prélevée sur le salaire.

En fait l’extension du Prolétariat et la dégradation des ouvriers sont liées non seulement au niveau des salaires mais surtout au mode de vie imposé aux travailleurs industriels.

1. L’évolution des salaires

a) dans la période du ‘’démarrage’’ les salaires sont ascendants

Ceci est une conséquence de l’expansion. Cette croissance concerne le salaire nominal et surtout le salaire réel, en Angleterre +0,7 % par an après 1840. En France cette croissance se manifeste sous le second Empire.

b) Néanmoins malgré cette croissance les salaires sont insuffisants

- Par leur disparité : disparités interrégionales et internationales,

- Par leur infériorité : infériorité absolue, l’écart entre le salaire nominal et le coût de la vie reste faible. Infériorité relative, la croissance du salaire est toujours inférieure à la croissance du profit, d’où un appauvrissement subjectif : les prix ont baissé mais les besoins ont augmenté soulignant la médiocrité des salaires,

- Par leur instabilité : le salaire est un pur revenu de facteurs, il est lié à la situation de famille et à l’évolution de l’économie. La hantise du chômage est un des faits dominants de cette époque d’où l’instance des ‘’quarante-huitards’’ à exiger le ‘’droit au travail’’ car le chômage aggrave les conditions d’existence du travailleur industriel, plus encore que le salaire c’est un élément essentiel de la prolétarisation.

2. Les conditions d’existence

Elles sont aggravées par la médiocrité de l’habitat, par l’incommodité du travail : la durée du travail est longue, la discipline est rude, les tâches sont dangereuses.

Elles sont aggravées par la difficulté de promotion, la promotion de l’individu est difficile, l’ouvrier n’a pas le temps de s’instruire, il en résulte un nombre considérable d’illettrés et l’ouvrier n’a pas les moyens de s’instruire.

La promotion de classe est difficile car la législation sociale est insuffisante et réduit faiblement le travail des adultes. En revanche en France sous le second Empire la durée du travail augmente. L’organisation ouvrière est impuissante, les cadres corporatifs ont été éliminés en France depuis la loi de 1791 et la représentation politique est exclue : l’électorat censitaire et la candidature officielle assurent partout la prééminence bourgeoise, les gouvernements bourgeois écrasent brutalement les insurrections ouvrières (Lyon en 1831, Paris en 1848).

Néanmoins, tardivement et lentement apparaissent les signes précurseurs d’une organisation ouvrière. Les structures naissent qui procurent les moyens de l’émancipation ouvrière : en Angleterre les syndicats, en France les compagnonnages, les mutuelles, le droit de grève reconnu en 1864, en Allemagne le droit de coalition reconnu en 1869.

Les doctrines progressent : socialisme ‘’romantique’’ français avec Proudhon, Saint-simon et Fourier ; socialisme scientifique de Marx et socialisme empirique anglais avec Owen.

L’influence ouvrière augmente. En Angleterre le ‘’Reform Bill’’ en 1867 assure l’électorat à la classe ouvrière. En France, la commune de 1871 manifeste la vigueur du mouvement ouvrier, c’est une prise de conscience Prolétariat qui tente non seulement d’améliorer sa condition mais surtout d’assumer le Pouvoir…signe d’une maturité ouvrière, prélude à une maturité économique.

TROISIEME PARTIE

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LA MATURITE DE LA CROSSANCE (1880 – 1930)

INTRODUCTION :

La maturité de la croissance suppose une puissance et une surabondance technique qui mobilise tous les secteurs de l’économie, toutes les ressources de l’économie, qui élimine les derniers goulots d’étranglement et les derniers facteurs de ralentissement et qui autorise une production de masse. C’est un phénomène général en Europe, entre 1880 et 1930 l’ensemble des nations européennes passe d’une économie limitée par la technique à une économie libérée par la technique.

C’est un phénomène successif, il y a des pays de maturité précoce (Angleterre dès 1880, Allemagne et France vers 1910), des pays de maturité tardive (l’Italie, la Russie et la Scandinavie entre 1920 et 1930).

a) Cette maturité est suscitée par des progrès techniques

La révolution énergétique substitue le pétrole et l’électricité à la houille, le moteur à explosion, le moteur électrique assurent une rentabilité de l’énergie jamais atteinte par la machine à vapeur, ces progrès accroissent le rendement dans les transports.

b) La maturité est favorisée ensuite par la conjoncture économique

Entre 1873 et 1895 apparait une base conjoncture aggravée par des dépressions fréquentes. Les entrepreneurs sont incités à renouveler leurs activités et à développer la rentabilité en utilisant des techniques nouvelles.

Entre 1895 et 1920 apparait une haute conjoncture, c’est la ‘’Belle Epoque’’ (certains prix augmentent de 30%).

c) La maturité est préservée enfin par l’intervention politique

L’Etat défend la croissance nationale avant la grande guerre par la protection douanière sauf avec l’Angleterre où le libre échange est abandonné par les nations européennes pour atténuer la basse conjoncture, par l’adaptation monétaire : la dépréciation de l’or et de l’argent justifie l’adoption en fait ou en droit de l’étalon or adapté aux exigences du commerce international.

Après la grande guerre, l’Etat restaure la croissance nationale en arrêtant l’inflation née de la guerre, les dépenses de guerre ont été financées par la monnaie fiduciaire et le cours forcé.

En Angleterre le niveau des prix a doublé, en France il a triplé et en Allemagne il a quadruplé. Cette restauration est opérée par une revalorisation monétaire intégrale en Angleterre et en Allemagne partielle en France avec le ‘’Franc Poincaré’’ de 1928 inférieur au franc germinal, en Italie et en Belgique. La monnaie européenne est de nouveau accrochée à l’or autorisant une nouvelle croissance de la production.

Après la grands guerre c’est le temps de la ‘’Prospérité’’ traduisant la persistance et la puissance de la maturité économique. Les structures de l’entreprise et de la société sont adaptées à la production de masse.

CHAPITRE PREMIER

L’entreprise et la maturité

Les conditions techniques économiques qui autorisent la maturité entrainent un aménagement de l’entreprise. Les dimensions de l’entreprise changent, l’entreprise agricole acquiert une dimension moyenne, non seulement dans les pays où la concentration foncière est faible mas aussi dans les pays ou la concentration foncière est forte.

L’entreprise industrielle acquiert une dimension énorme, car les fonctions de l’entreprise changent, l’entrepreneur, singulièrement l’entrepreneur industriel, manifeste toujours un esprit novateur, c’est l’entrepreneur dynamique qui combine les progrès techniques et les données économiques pour assurer le profit en atténuant les aléas, il manifeste surtout un esprit dominateur, il devient un ‘’capitaine d’industrie’’qui surmonte la concurrence et les déséquilibres pour développer le profit en éliminant les aléas du marché.

L’entrepreneur découvre dans la moyenne entreprise agricole et dans la grosse entreprise industrielle les moyens d’une adaptation au marché puis d’une domination du marché. Adaptation au marché, domination du marché déterminant une nouvelle structure de l’entreprise en période de maturité.


A/ L’adaptation au marché

Elle développe l’entreprise agricole. C’est le contraste entre la lenteur de la croissance agricole au temps du démarrage et l’ampleur de la croissance agricole au temps de la maturité.

Elle concentre l’entreprise, la production est intensifiée dans l’agriculture.

1. Agriculture et production intensifiée

a) Amélioration des terres

- Par la fertilisation

- Par la spécialisation

b) Augmentation du capital

Captal technique : mécanisation et surtout motorisation qui réduit la superficie des terres affectées à la nourriture de trait d’où une augmentation du rendement.

c) Organisation des agriculteurs

- Par la coopération professionnelle

- Par l’action professionnelle (les syndicats)

Mais la part du revenu agricole dans le revenu national décline progressivement. Le revenu industriel est prédominant car la production intégrée adapte l’industrie aux exigences du marché.

2. Industrie et production intégrée

L’entrepreneur annexe des productions complémentaires. C’est l’intégration verticale : intégration adaptée au marché car l’entrepreneur gagne à la fois sur le prix d’achat des matières premières et sur le prix de vente des produits fabriqués, intégration inaugurée en Allemagne avec le système des ‘’mines-usines’’. En revanche, l’intégration est limitée en France où la tradition artisanale persiste.

L’entrepreneur annexe des productions similaires. C’est l’intégration horizontale : intégration adaptée au marché car l’entrepreneur gagne à la fois sur le prix de revient et sur le prix de vente, intégration inaugurée en Angleterre avec les compagnies ferroviaires et développée sur le continent : en Allemagne, en Russie et en France où elle est lente et faible. Vers 1900, la grosse entreprise emploie 40 % d’ouvriers en France et 70% en Russie. Les activités sont multiples.

Cette dimension même incite la grosse entreprise à modifier les conditions du marché, la domination du marché est une nouvelle tendance de l’entreprise au temps de la maturité.

B/ La domination du marché

Verticale ou horizontale, l’intégration favorise la maturité de l’économie puis qu’elle autorise la production de masse. Or, dans le système de concurrence parfaite la production de masse entraîne l’avilissement des prix, ce qui est dangereux en période de haute conjoncture et désastreux en période de basse conjoncture.

La basse conjoncture des années 1873 -1895 incite les producteurs à réaliser des ententes pour substituer à une concurrence ruineuse un monopole avantageux. Entente d’abord prohibée parles Etats fidèles à la tradition de concurrence et hostiles aux groupes de pression puis favorisée parles Etats qui souhaitent stabiliser les prix en organisant la production.

Ces ententes organisent la production en atténuant la concurrence, c’est l’objectif des cartels et en supprimant la concurrence c’est l’objectif des trusts. Les cartels et les trusts représentent les structures nouvelles de l’entreprise libérale parvenue à maturité.

1. Concurrence atténuée : les Cartels

Après1880 apparaît une extension croissance d’ententes entre producteurs qui sont décidés à restreindre leur liberté pour infléchir le marché.

Cartellisation envahissante en Allemagne, il y a 40 cartels internationaux. L’action des cartels est déterminante. Le cartel attenue les effets de la concurrence en relevant et en stabilisant le prix de vente mais son action est possible et durable seulement dans la mesure où le cartel groupe des entrepreneurs nombreux et disciplinés d’où le recours à une structure qui élimine radicalement les possibilités de concurrence : les trusts.

2. Concurrence éliminée : les trusts

a) Origines diverses

Les trusts éliminent la concurrence en absorbant les entreprises. Les entreprises puissantes acquièrent la totalité et la majorité du capital détenu par les entreprises mineures, procédé utilisés en Angleterre, développé en Allemagne et disséminé en Europe où existe un Trust international des explosifs d-s 1888.

b) Effets communs

Le trust substitue le monopole à la concurrence. Ainsi Trusts et Cartels substituent des variations de production à des variations de prix tendant à réduire le volume de la production pour relever le prix de vente.

Les structures nouvelles de l’entreprise : cartels et trusts, manifestent une contradiction interne de la maturité dans le modèle de croissance libérale ; suivant le mot de Proudhon : ‘’la concurrence tue la concurrence’’.

La production de masse autorisée par la puissance et la surabondance technique entraîne paradoxalement une limitation de la production ainsi qu’une limitation de la consommation puisque la maturité incite les entrepreneurs à limiter le volume de la production et à relever le prix de vente.

Ainsi, les structures nouvelles de l’entreprise au temps de la maturité retardent la consommation demasse.la contradiction de la maturité est qu’elle favorise l’action du prolétariat pour transformer les structures de la société industrielle.

CHAPITRE DEUX

La société et la maturité

Par la puissance et l’abondance technique, la maturité accroit non seulement les biens de production mais devrait aussi accroître les biens de consommation puisqu’à terme les biens de production doivent la consommation. En fait malgré le ralentissement imposé parles tendances monopolistiques la maturité augmente l’offre et diminue les prix des biens de consommation et donc élargit progressivement la consommation.

Les besoins des consommateurs augmentent. Les possibilités croissantes de production offertes par la maturité stimulent les besoins des consommateurs et accentue l’appauvrissement relatif et subjectif des travailleurs.

Les besoins des consommateurs évoluent. La maturité stimule non seulement les besoins en produits mais aussi les besoins en services car les services facilitent à la fois la production et la consommation. En France, pays de maturité fable et lente, la part de population active dans les services croit de 28 % en 1901 à 31 % en 1930. Ainsi la maturité entraine la mutation des activités traditionnelles : l’agriculture (secteur primaire) et industrie (secteur secondaire), vers des activités de service (secteur tertiaire).

L’organisation du prolétariat et la mutation des activités constituent les nouvelles structures de la société répondant aux exigences de la maturité.

A/ L’organisation du Prolétariat

Au temps de la maturité l’entreprise est organisée pour résister au marché et dominer le marché, parallèlement le prolétariat est organisé pour transformer sa condition en influant sur le marché capitaliste et en supprimant le marché capitaliste.

L’organisation du prolétariat a d’abord un aspect psychologique, elle suppose la conscience d’une différenciation sociale suscitant non pas des insurrections éphémères comme le mouvement ouvrier avant la commune mais une opposition profonde à un ordre économique qui doit être transformé ou éliminé. Cette naissance d’une opinion et d’une conscience ouvrière est manifeste parla Presse, en Allemagne en 1880 il y a 80 journaux ‘’socialistes’’.

L’organisation du prolétariat a ensuite un aspect technique, elle suppose les structures d’une action ouvrière aptes à imposer des revendications.

Cette action ouvrière au temps de la maturité est favorisée par des facteurs d’ordre sociologique, idéologique et politique.

a) Facteur sociologique : la différenciation

Au seuil de la maturité la ‘’commune’’ française de 1871 traduit violemment la différenciation entre ouvriers et bourgeois, cette différenciation est suscitées par le niveau des revenus et le mode de vie. Le cloisonnement urbain gagne les pays faiblement industrialisés comme l’Italie et l’Espagne. Le cloisonnement rural détache le journalier de son exploitation.

La différenciation est accentuée par la concentration ouvrière qui renforce la solidarité ouvrière et qui sépare radicalement les activités de direction et de production. Les liens entre patrons et ouvriers encore fréquents au temps du capitalisme concurrentiel sont éliminés par la grande entreprise.

b) Facteur idéologique : les progrès des doctrines sociales

Le progrès des doctrines sociales est manifesté par leur adaptation. Le socialisme est nuancé, il gagne en efficacité ce qu’il perd en pureté. Le réformisme démontre les avantages de l’évolution sur la révolution. Les socialistes anglais (‘’Fabiens’’) ont comme objectif de temporiser pour que la société change.

L’anarchisme affirme la primauté et la liberté de l’individu contre l’oppression de tout groupement, économique ou politique, tels les nihilistes russes. L’éclectisme enfin qui concilie les traditions du socialisme romantique de type Proudhon au socialisme scientifique de type marxiste représenté par Jaurès.

Le libéralisme s’est réformé, déjà Stuart Nil (mort en 1873) avait rejeté la répartition ‘’fatale’’ des revenus de la ‘’loi d’airain’’ énoncée par Ricardo et reprise par Lassalle et préconisée une répartition harmonieuse des revenus.

Modifier la répartition des revenus sans accepter le socialisme c’est le thème du solidarisme de Bourgeois ‘’tout enrichissement crée un devoir puisque les hommes sont solidaires. C’est également le thème du christianisme social puisque tout enrichissement crée un devoir puisque les hommes sont frères, d’où il importe aux patrons d’accorder un ‘’juste’’ salaire, aux ouvriers d’accepter une ‘’juste’’ hiérarchie, c’est l’objectif de l’encyclique de Léon XIII ‘’Rerum novarum’’ de 1891.

Le progrès des doctrines est manifesté par leur diffusion, l’instruction primaire est généralisée, elle est obligatoire en Angleterre depuis 1870, en France depuis 1880 où les enseignements secondaire et supérieur sont plus ouverts assurant une formation technique et classique, en revanche dans la Russie d’avant 1914 il y a 80 % d’analphabètes dans certaines provinces.

c) Facteur politique : progrès de la représentation populaire

Le suffrage universel est maintenu dans les pays de tradition libérale : en France malgré les tendances de ‘’l’ordre moral’’ à l’aube de la IIIè République, en Angleterre où l’électorat a doublé entre 1880 et 1884, le problème dominant est celui du vote des femmes.

Le suffrage universel est étendu dans les pays de tradition autoritaire : en Angleterre Bismarck accorde le suffrage universel, en Russie le suffrage universel est accordé après la révolution de 1905. Précisément la Révolution russe de 1905 (‘’libérale’’) démontre la puissance des moyens et l’importance des résultats qu’assure l’organisation du prolétariat.

1. Les moyens de l’organisation ouvrière

a) Moyens professionnels

Les coopératives de production inaugurées en Angleterre, propagées en Europe c’est le ‘’grand espoir du 19ème siècle’’ mais limitées par l’insuffisance du capital.

Les syndicats : leur constitution est lente, les trade-unions en Angleterre sont tolérés puis font l’objet d’autorisation générale en 1871, en France la tolérance est consacrée par la loi en 1884, en Allemagne vers 1890, en Russie les syndicats sont prohibés d’où une formation de syndicats clandestins comme en 1895 les cercles ouvriers groupés par Lénine sous le nom d’’union de lutte pour la libération de la classe ouvrière’’.

L’extension est constante par le nombre des syndiqués et leur action croissance : les syndicats évoluent vers l’unité nationale et internationale.

b) Moyens politiques : les partis

Les partis ouvriers sont importants dans tous les pays et ils sont influents : en France dès 1893 on comptait 50 députés socialistes, en Angleterre 29, en Allemagne 110 et en Russie 40% des siècles à Douma sont des socialistes justifiant l’importance des résultats acquis entre 1880 et 1914.


2. Les résultats de l’organisation ouvrière

a) Amélioration des salaires

· Hausse du salaire réel dans la base conjoncture entre 1873 et 1895.

· Hausse du salaire réel dans la haute conjoncture entre 1895 et 1920. Ainsi généralement, paradoxalement le salaire réel est maintenu même en base conjoncture et il est accru même en haute conjoncture. C’est le résultat de l’organisation ouvrière : exemple concret proposé par l’action ouvrière en Angleterre.

b) Amélioration du travail

· Le travail est limité

· Le travail est protégé : précocement en Allemagne où apparait un ‘’paternalisme d’Etat’’ issu du nationalisme économique de List et du socialisme étatique, tardivement en Allemagne où les assurances sociales apparaissent en 1911 et en France en 1928. En revanche en Russie avant 1917 la protection est inexistante.

c) Amélioration de la vie

Elle est manifestée par le progrès du logement, le progrès de la consommation et le progrès de la santé : la longévité augmente, la durée moyenne de vie est élevée de 35 à 45 ans.

Les résultats acquis par l’organisation ouvrière entre 1880 et 1914 son menacés par les conditions économiques d’’’après-guerre’’ :

- Inflation provoquée par la guerre

- Dépression provoquée par la conjoncture : basse conjoncture entre 1920 et 1933 qui amenuisent les salaires.

- Indemnisation imposée à l’Allemagne qui stimule l’économie allemande, mais les exportations forcées qui paient les dettes allemandes ruinent les travailleurs allemands et menacent les travailleurs européens. La prospérité des années 1924-1929 est apparente, relative et fragile.

Les résultats acquis par l’organisation ouvrière de 1880-1914 sont menacés par une transformation sociologique liée à la maturité. L’influence croissante du ‘’secteur tertiaire’’ des ‘’services’’ qui diminue les fonctions des travailleurs industriels et entraine la mutation des activités traditionnelles.

B/ la mutation des activités

Le démarrage de la croissance est liée à une prééminence industrielle qui entraine la mutation des activités agricoles (‘’ secteur primaire’’) vers des activités industrielles (‘’secteur secondaire’’) d’où une régression du paysannat et une extension du prolétariat.

La maturité de la croissance est liée à une abondance industrielle qui entraine la mutation des activités agricoles et industrielles vers des activités de ‘’services’’ (secteur tertiaire) d’où les activités ‘’secondaires’’ plafonnent puis décroissent et les activités tertiaires croissent. Ce gonflement du secteur tertiaire est un aspect essentiel de la société industrielle en période de maturité, c’est à la fois un signe et un effet de la maturité, l’exemple remarquable est la suède où il y a une maturité tardive mas une forte croissance du tertiaire ainsi qu’une forte croissance du produit : entre 1880 et 1930 l’importance relative du tertiaire est multipliée par 8 et la production absolue de l’économie est multipliée par 30. La transformation est sensible non seulement dans les pays de maturité précoce comme l’Angleterre mais encore dans les pays de maturité tardive comme la France.

Ce gonflement du ‘’secteur tertiaire’’ est lié :

- A un facteur politique. Même dans les pays qui répugnent à un Etatisme économique la maturité sollicite la participation et l’intervention croissante de l’Etat dans l’économie : c’est le cas de l’Angleterre où la fonction publique est faiblement recherchée et où cependant le nombre des fonctionnaires croit sensiblement entre 1880 et 1930, c’est le cas également de la France où le nombre des fonctionnaires croit considérablement (320.000 fonctionnaires en 1866 et 697.000 en 1936, exclusivement civils).

- A un facteur technique. Le renouvellement et le développement technique provoque la maturité, exige un travail d’invention et d’organisation, c’est donc ‘’l’intellectualisation du travail’’ qui multiplie les fonctions intellectuelles par rapport aux fonctions manuelles et développe les activités ‘’tertiaires’’.

- A un facteur psychologique. La production accélérée et diversifiée qui caractérise la maturité incite le consommateur à rechercher la la facilité et la rapidité à exiger les services qui épargnent le temps et l’effort et donc à préférer l’achat d’un service à l’achat d’un bien. C’est cette ‘’préférence pour le tertiaire’’ qui sollicite l’importance progressive et la croissance relative des activités tertiaires dans l’économie et qui explique l’écart grandissant entre le prix de détail et le prix de gros. Cette ‘’préférence pour le tertiaire’’ achève les transformations sociales inaugurées par le démarrage, elle accentue la dépendance des individus car le nombre des salariés augmente, elle accentue la différence entre les individus car le niveau dessalaires varie. Ainsi le double effet de la mutation des activités :

1. La salarisation

2. La différenciation

1. La salarisation :

Salarisation absolue quant au nombre des individus soumis à la condition de salariés, en France la proportion des salaires passe de 62% en 1913 à 66,4 % en 1930.

La salarisation est relative quant au niveau des individus soumis à la fluctuation des salariés. Les hauts salaires subissent une dégradation, ainsi en Europe, au temps de la maturité la différenciation sociale persiste malgré la salarisation.


2. La différenciation :

La différenciation intersectorielle. L’accession au tertiaire autorise généralement un genre de vie distinct. Une classe moyenne est formée, ce sont les ‘’cols blancs’’ dont le genre de vie copie les attitudes bourgeoises. L’embourgeoisement accentue la distance sociale entre les activités tertiaires et classe paysanne et classe ouvrière. En revanche l’accession au tertiaire autorise moindrement un niveau de vie supérieur. En Angleterre en 1880 les salaires représentent 48% du revenu national et 38% du profit d’intérêt. Donc croissance fable et lente du niveau de vie correspondant aux activités tertiaires.

La différenciation intersectorielle, le gonflement du tertiaire maintient fortement l’inégalité sociale. La distance sociale apparait entre cadres et employés : les cadres sont intégrés à la ‘’bourgeoisie’’ aux entrepreneurs et aux propriétaires, les employés sont rapprochés du prolétariat plus par leur niveau de vie que par leur genre de vie.

En revanche le gonflement du tertiaire accroit faiblement la mobilité sociale, l’enseignement primaire est généralisé mais l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur restent relativement fermés. La distance sociale persiste entre cadres et employés, bourgeois et ouvriers. La contradiction augmente entre la ‘’salarisation’’ qui favorise la production et la différenciation qui ralentit la consommation. Avant 1930 la maturité autorise la production de masse mais non la consommation de masse, ainsi apparaît une sous consommation latente qui provoque des déséquilibres et éventuellement des changements.

CONCLUSON GENERALE DE L’HISTOIRE DES FAITS ECONOMIQUES CONTEMPORAINS

Croissance et consommation de masse

Dès la maturité la croissance des pays européens manifeste des tendances qu retardent l’avènement d’une consommation de masse.

a) Fragilité de la croissance européenne

La croissance européenne est menacée par la ‘’crise’’ mondiale de 1928 la ‘’grande crise’’. Elle est menacée également par la guerre mondiale de 1939-1945.

b) Infériorité de la croissance européenne

Elle est manifestée par son taux de croissance, le taux de croissance annuel par habitant est inférieur au taux des pays récemment industrialisés

Elle est manifestée par le niveau de la consommation, critère : nombre de voitures de tourisme par million d’habitants :

- En France 26.000 en 1930 et 37.000 en 1950

- En Angleterre 23.000 en 1930 et 46.000 en 1950

- En Allemagne 7.700 en 1930 et 10.700 en 1950

- Aux Etats-Unis 186.000 en 1930 et 266.000 en 1950

- En Union Soviétique 61 en 1930 et 1.000 en 1950

Les faits économiques contemporains proposent deux types de croissance rapide atteignant et autorisant une consommation de masse :

- Type capitaliste illustré par l’histoire économique des Etats-Unis.

- Type socialiste illustré par l’histoire économique de l’Union Soviétique.

A/ La croissance des Etats-Unis

Le destin économique des Etats-Unis ou une croissance essentiellement libérale qui transforme en 50 années une économie dominée (par la présence anglaise de capitaux européens) en une économie ayant une influence mondiale et qui inaugure dès 1920. La consommation de masse non seulement avant les pays récemment industrialisés comme la Canada et la Suède mais aussi avant les pays anciennement industrialisés qui ignorent la consommation de masse.

Critère : nombre de voitures de tourisme par million d’habitants :

- En 1920 : 3.400 en France et 76.000 aux Etats-Unis

- En 1960 : +90.000 en France et +327.000 au Etats-Unis, soit 1 voiture pour 3 habitants.

La croissance des Etats-Unis franchit des étapes communes à toute croissance : démarrage et maturité. Mais la croissance des Etats-Unis est entrainée par des facteurs singulièrement propices et manifestée par des caractères particulièrement vigoureux.

1. Les facteurs de la croissance

a) La richesse du sol

- Variété des ressources

- Quantité des ressources

b) La puissance de l’homme américain

- Assurée par le nombre

- Manifestée par l’esprit (‘’esprit pionnier’’)

c) La force de la nation

- Unité nationale

- Mobilité sociale qui renforce la cohésion : les distinctions juridiques et économiques ont été atténuées par la pratique des hauts salaires.

- Autorité mondiale qui assure l’expansion.

Les caractères exceptionnels de la croissance sont à la mesure des facteurs qui l’ont stimulée.

1. Caractère de la croissance

a) La liberté

La domination économique est éliminée dès la révolution. La dépendance industrielle disparait dès la fin de la guerre civile.

L’intervention étatique est limitée

b) La rapidité

C’est l’accélération des phases de la croissance que traduit le contraste entre un démarrage tardif vers 1860 alors qu’en France c’est en 1840, une maturité précoce vers 1900 alors qu’en France la maturité est en 1910.

C’est l’extension des stimulants de la croissance : un développement ferroviaire sans exemple et un développement bancaire parfaitement adapté. Les banques d’émission sont progressivement adaptées pour répondre aux besoins monétaires, d’abord les banques privées, puis les banques privilégiées et enfin les banques coordonnées avec le ‘’Federal reserve act’’ en 1913.

C’est l’intensité :

- Les productions dominantes

- Un commerce excédentaire

- Une expansion financière, les Etats-Unis deviennent les créanciers du monde d’où un déséquilibre du commerce international puisque les Etats-Unis sont à la fois exportateurs et créanciers et un risque de ralentissement et de dépérissement de la croissance libérale.

A cette situation où ils discernent les prodromes d’une ‘’autodestruction’ du capitalisme et de la croissance libérale, les marxistes opposent un modèle socialiste de croissance accélérée, ce modèle de croissance est adopté par l’Union Soviétique.

B/ La croissance de l’Union Soviétique

a) Avant la révolution d’octobre 1917

La situation de l’économie Russe manifeste :

- Une croissance retardée

- Une croissance perturbée par l’agitation révolutionnaire et par la grande guerre.

b) Après la révolution de 1917

Les intentions du gouvernement soviétique de Lénine sont :

- Socialiser l’économie. Propriété, salaire et monnaie sont supprimés. C’est le ‘’communisme de guerre’’ de 1918 à 1921 qui entraine la chute de la production et l’exode des ouvriers, d’où la ‘’nouvelle politique’’ la ‘’N.E.P.’’ (inspirée par Lénine (1921-1928), son objectif : restaurer partiellement le capitalisme pour imposer ultérieurement le socialisme.

- Développer l’économie. Il faut concilier les impératifs du socialisme et de la croissance en proposant les moyens et les résultats d’une croissance socialiste.

1. Les moyens de la croissance soviétique

a) La collectivisation

- Les moyens de production

- Le système des échanges

- L’origine des investissements, formation du captal par l’épargne mais prééminence de l’épargne forcée. Les banques sont nationalisées dès 1917.

b) La planification

Il s’agit d’accélérer la croissance en imposant des objectifs périodiques pour briser le sous-développement légué par l’économie tsariste et en fixant des choix économiques : développer intensément l’industrie lourde (biens de production), contraste avec la croissance libérale de l’Europe et des Etats-Unis qui est fondée sur l’industrie légère.

Dès 1928 la priorité est accordée aux biens de production, avant 1938 le 1er et le 2ème plan concernaient la métallurgie, après 1938 le 3ème et le 4ème plan intéressent la chimie et l’électricité. Entre 1937 et 1938 les biens de production ont augmentés de 53% et les biens de consommation de 34%.

Il faut développer suffisamment l’agriculture pour subvenir aux besoins des ouvriers et pour soutenir les exportations indispensables à l’équipement, modérer fortement la consommation individuelle pour accroitre l’accumulation nationale et donc les investissements productifs : d’où rationnement de paix et surtout renforcement des prix.

Il s’agit d’accélérer la croissance en utilisant la contrainte sociale. Les travailleurs sont autoritairement astreints à une norme. Dès 1928 le travailleur est autoritairement soumis à un transfert d’activité et de résidence. Depuis 1930 le travailleur est autoritairement fixé à l’entreprise, la ‘’désertion du travail’’ est réprimée pénalement.

La planification soviétique est ordonnée à la fois à l’exclusion du profit et à l’extension du produit, souhaitant dépasser la croissance libérale par ses résultats économiques et sociaux.

2. Les résultats de la croissance soviétique

a) L’augmentation du revenu national

Elle est manifestée par la rapidité de la croissance. Malgré le sous-développement initial entre 1928 et 1941 le taux de croissance de l’économe soviétique dépasse le taux de croissance des pays européens avant 1914, malgré les destructions de la guerre mondiale entre 1947 et 1960, le taux de croissance de l’économie soviétique dépasse le taux de croissance des Etats-Unis, mas la production de l’Union Soviétique est encore inférieure à la production des Etats-Unis.

Elle est favorisée par la régularité de la croissance l’indifférence structurelle aux prix élimine les fluctuations du marché libéral. La courbe de production de l’acier brut aux Etats-Unis et en Union Soviétique indique une augmentation régulière mais inférieure aux Etats-Unis, donc rapidité et régularité conduisent à une production de masse sensiblement comparable à celle des Etats-Unis.

b) L’élévation du niveau de vie

- Salaire : Il y a une croissance du salaire réel, avant la révolution, le salaire réel est fable, pendant la révolution la salaire réel est bas et après la révolution le salaire réel est croissant. Le développement du salaire social apparait : en 1917 : congés payés, en 1947 les dépenses sociales représentent 38% de la masse salariale, le salaire social compense l’infériorité relative du salaire réel.

- Consommation : Il y a un accroissement de la consommation, d’abord le prix des biens de consommation s’est abaissé depuis 1947 les prix agricoles ont parfois baissé de 50% ensuite la production des biens de consommation est favorisée, le 6ème plan (1956-1960) prévoit + 70% des biens de production et + 60 % des biens de consommation. En 1953 le citoyen soviétique peut acheter deux fois plus de produits qu’en 1947. L’accroissement de la consommation est manifesté par l’indice croissant du chiffre d’affaires, par l’assouplissement de la consommation : permanence d’un marché libre kolkhozien, résurgence d’un marché libre coopératif, mais les prix sont limités parla domination du prix planifié.

- Promotion : Elle est favorisée par un régime de l’enseignement : enseignement gratuit dès 1918, enseignement continu dès 1919. Les facultés ouvrières autorisent l’accession des ‘’manuels’’ aux fonctions tertiaires autorisant la circulation des élites. La promotion est menacée par la hiérarchie des salaires que Lénine restaure dès 1921, le salaire de l’ouvrier qualifié peut atteindre 3 fois le salaire du manœuvre et celui de l’académicien peut atteindre 30 fois celui du manœuvre.

L’accroissement progressif de la consommation augmente la distance sociale entre ouvriers, paysans et directeurs, c’est le problème dominant du socialisme soviétique, il en résulte donc un effort pour développer l’enseignement par la mobilité sociale et augmenter le consommation (égalité), ceci pour éviter la différenciation entre le niveau de vie et le genre de vie, pour assurer la consommation de masse en excluant le profit capitaliste donc la lutte des classes.

Ce problème de consommation de masse à la production de masse est un problème du monde contemporain, qu’il soit développé ou sous-développé.


M. Sanoussy DABO

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