"LE SEUL IDEAL QUE PUISSE SE PROPOSER LA RAISON HUMAINE EST D'AMELIORER CE QUI EXISTE, OR C'EST DE LA REALITE EXISTANTE QU'ON PEUT APPRENDRE LES AMELIORATIONS QU'ELLE RECLAME"
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Au revoir à un Monsieur ''bien et rare'', l'architecte Laye Saidou DABO
Louanges à Dieu. "L’homme a beau lutter, rappelle l’écrivain sénégalais Felwin Sarr dans ses réflexions sur le Coran, il finira quand même par être vaincu par la mort". C’est la vérité dont nul ne doute, la seule grande réalité de l’existence humaine. Le courage et la lucidité servent d’armes de défense contre l’avènement de cette certitude que représente la triste sœur, but inexorable compagne de l’existence?; nul ne réussit, cependant.
M’Borinn Laye-Saïbou Dabo vient d’accomplir cette expérience. Il eut conscience de son mal dans un état spécialement pur, au retour immédiat de son pèlerinage à La Mecque. Les rites, oh combien pesants mais riches et sacrés du hajj, l’avaient purifié. Quelle aubaine?! Quelle belle fin?! Cela console, en dépit de la conscience des douleurs de la perte d’une telle grande valeur.
M’Borinn se promettait de s’appliquer avec une nouvelle énergie au service du Maître, Allah, Le Seul Etre dont l’essence est d’être. Il écoutait, «?lisait?», le Coran à ses heures de lucidité. La promesse de se dédier l’avait ainsi
spirituellement renforcé, agrandi et ennobli. A présent, la lutte est terminée?; il a mené, dans l’honneur, son combat. Propre, il retourne à son Créateur. Ainsi s’achève son périple, auguste et élégant, passé pour l’essentiel au milieu des siens dans son pays natal et au menu service des siens et des démunis fort nombreux dans nos communautés. Que de leçons.
Sur son lit d’hôpital à Paris, Laye Saïbou comprit et analysa sans amertume son destin. Il comprit la nature du mal qui s’était ancré dans son système. Il ne le soupçonnait point l’affliction, il n’en n’avait pas conscience?: les visites médicales n’avaient rien décelé. Que pouvait-il faire?? Livrer la bataille à un
adversaire sournois n’est pas facile. Rester stoïque avec la foi et le courage est humain, c’est ce qu’il fit. Il me rassura de sa détermination ferme de s’incorporer, corps et âme, dans les rangs des serviteurs de Dieu et des disciples du Prophète Mohammed. Imaginez, il chercha à me consoler, moi qui arrivais vif et vigoureux du Qatar !
C’est dire que le malade avait vaincu la peur, la peur du trépas. Il me parla de bien des choses avec discernement,… de sa vie, de sa mère, ma sœur aînée Hadja Ténin Kaba que nous appelons communément «?Kouwa?», de ses amis, de Hadja et de leurs enfants, de notre pays, des projets qu’il avait conçus…et du but de l’existence. Il se souvint de la figure de son père, M’Borinn Mamadou Dabo, le fameux Likida de Kankan qui mourut relativement jeune. Il s’estima heureux d’avoir vécu plus longtemps et d’avoir essayé de mener une existence saine et productive.
Le malade promit de se consacrer à la bataille, sa grande bataille, pour empêcher le mal de le dénaturer. Il tenait à cette forme de victoire finale sur ce mal étrange et furtif qui s’était abattu comme un monstre fougueux sur son corps et qui s’était mis à dévorer son système vital. «?M’Borinn?», me dit-il, j’accepte mon sort et je remercie Dieu. IL est bon.
Combattant, endurant et constant dans l’enseignement de l’art de vivre, il fit
sa part, avec grâce et grandeur d’âme. Hélas, il s’envole aujourd’hui même vers la destination finale de tous les vivants, de chacun ou de chacune à son temps précis –aucun de nous ne vivra éternellement. Que son âme repose en paix auprès de celle de son père, de son beau-père, de ses aïeux et de tous le nôtres qui l’ont précédée dans l’au-delà. Que Dieu, Le Miséricordieux, pardonne ses vieux errements.
Ces lignes écrites à la hâte ne disent rien de l’homme que la Guinée vient de perdre. Ses compagnons parleront de ses études brillantes au lycée de Kankan et à l’université de La Havane à Cuba, de son excellence sur le terrain de football et la salle de danse au rythme afro-cubain… Il fut plus grand que tout cela.
Saïbou Dabo, un «?Monsieur bien et rare?», disait l’autre qui est un grand observateur des gens. Laye Saïbou fut, en tout, l’archétype distingué de l’homme de qualité. Il cultivait l’amour de sa mère et inculquait la notion du devoir et de la rigueur en ses frères et ses enfants. Il avait la passion du travail bien fait. Il se plaisait dans la compagnie des gens de qualité dont la diversité et la compétence représentent un grand atout pour la Guinée.
Laye Saïbou avait des amis dans toutes nos communautés. Pour ces derniers, c’était "Bélinx", le gentilhomme de bon goût qui savait diffuser l’esprit de sérieux, de joie et de camaraderie. Dabo, c’était l’architecte méthodique et talentueux qui vénérait la simplicité des lignes droites et l’élégance du style, qui affectionnait les bureaux propres et bien ordonnés et propres, aimait les mosquées radieuses d’éclat et de spiritualité et les maisons pleines de lumière et de gaieté.Laye Saïbou était aussi le politique fin et avisé qui aux hauts postes préférait l’ardeur de la responsabilité compétente. C’était le technicien conseiller intègre et franc des détenteurs du pouvoir. Il avait le cœur du patriote qui vivait avec l’amour-passion de son pays et qui rêvait des rêves de grande envergure dignes d’une terre guinéenne bénie. Son sens de la citoyenneté et du civisme était d’un niveau incomparable.
Saïbou fut le fils, l’époux, le gendre, le frère et le père sans pareil dans l’engagement pour les vertus de la famille. Il fut l’ami inégalable dans la franchise et l’assistance, gentil et respectueux, souriant et disponible. Il détestait les magouilles et le mensonge?; et il évitait la vanité. C’est pourquoi je tenais tant à lui.M’Borinn Laye Saïbou, homonyme de mon oncle bon vivant et débonnaire, tu fus l’un de mes premiers neveux que je vis naître et grandir. Tu montras l’amour des études et du travail. Tu t’attachas à moi et tu devins mon ami et l’exécutant fidèle de mes désirs en Guinée et, à ce titre mon support. Tu me fis confiance et me confias Moussa, Mohammed et Baba aux États-Unis. Malgré les différences
d’âge, nous forgeâmes des liens de solidarité indescriptible et donc d’intimité sociale profonde basée sur la compréhension et l’appréciation mutuelles.
M’Borinn, tu fis de moi le «?M’Borinn?» de tes nombreux amis, Sadanké-Mory, Anny, Fall, Barry, Faber, Chérif, Bangoura, Kalo, Diallo, Kourouma, Fofana, Ba et tant d’autres, y compris Kis qui est mon frère. Tu fus mon neveu, mon confident, mon compagnon de routes avec Guiter et Mory sur les artères du Middle West et de l’Ouest américains en route vers les écoles de vos enfants au Missisipi, au Texas et au Kansas.
Je pleure, avec tous, amis et compagnons,membres de la famille, Hadja Maladho, N’Kôdô Kouwa, M’Borinn Solomana, Sidikiba et leurs sœurs et frères cadets, notamment Moussa, Mohammed et Baba, la disparition de mon M’Borinn sans égal, symbole du meilleur auquel l’homme guinéen et africain, l’homme en général, doit aspirer. Que ton esprit survive et inspire les générations présentes et futures.
Ton existence fut fructueuse et pleine de dignité, car Dieu t’offrit le bon esprit, le savoir et l’avoir qui assurent l’indépendance et la droiture, et qui dirigent sur le chemin du salut. Gloire à Dieu. Au revoir.
Mardi 10 mai 2011
Professeur Lansiné Kaba Doha, Qatar