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LA CRISE FINANCIERE GRECQUE : REPERCUSSIONS SUR LA ZONE EURO ET SUR LA MONNAIE EURO

Préparé par :

Facély CONDE

Mamadou Saliou BALDE

Amadou Mouctar DIALLO

Alpha Boubacar DIALLO

Mohamed N’faly CHERIF

AVANT-PROPOS

Ce document est le fruit d’une grande abnégation couplée d’intenses recherches effectuées en un temps réduit. Le thème qu’il traite étant au cœur de l’actualité, de nouvelles données peuvent apparaître après que nous l’ayons finalisé. Aussi avons-nous jugé nécessaire d’indiquer la date à laquelle nous avons arrêté nos recherches – soit le  16 mai – pour enfin nous consacrer aux phases suivantes (saisie, correction, impression…). Néanmoins, comme vous le constaterez à la lecture du document, nous avons essayé autant que faire se peut d’insérer les nouvelles importantes apparues au-delà de cette date.

On trouvera dans ce document, articulé autour de trois grands chapitres, toutes les informations relatives à la crise financière grecque, de sa lointaine origine jusqu’à ses répercussions sur l’ensemble de la zone euro. On y traite également des soubresauts de la monnaie unique européenne tout au long de cette crise ainsi que des mesures et solutions qu’on y a apportées ou qu’on tente d’y apporter.

INTRODUCTION

La crise financière amorcée en juillet 2007fut marquée par une crise de liquidité interbancaire et une raréfaction du crédit, elle trouve son origine dans l’éclatement de bulles de prix (dont la bulle immobilière américaine des années 2000) et les pertes importantes des établissements financiers provoquées par la crise des subprimes. Cette crise fut si violente que ses répercussions sur les marchés mais aussi sur toute l’économie mondiale se fait encore ressentir de nos jours.

Cette crise mondiale va affecter, bien évidemment, d’abord les Etats les plus fragilisés à ce jour, mais elle va aussi de plus en plus peser sur les autres, d’autant que les Etats vont injecter des milliards d’euros dans le sauvetage des principaux établissements financiers mais aussi dans le soutien à l’activité économique. Ces dépenses astronomiques vont creuser le déficit, déjà important, de ces pays.

La crise grecque aujourd'hui qui tient au dérapage aussi bien des finances publiques que de la compétitivité dans ce pays, met en lumière, de manière dramatique, l'échec des dispositifs de contrôle, de coordination et de discipline au sein de la zone euro.

Les problèmes actuels de la Grèce, et à terme d’autres pays de la zone euro, ne traduisent pas des difficultés de financement global de celle-ci, mais plutôt l’absence d’une véritable politique économique commune, qui ne tienne pas seulement compte de l’aspect monétaire mais aussi et surtout de l’aspect budgétaire, de la fiscalité, etc.

Cette crise grecque, qui provoque un double débat sur la façon de venir en aide à la Grèce et sur la gouvernance de la zone euro, pose une question centrale : « est-ce la fin de l’Union Européenne et de sa monnaie ? ». Toutes les discussions aujourd’hui sont pour rassurer sur le bon fonctionnement de la zone mais aussi sur la monnaie euro et la valeur de celle-ci.

Dans le développement qui suivra, il sera question tout d’abord de parler de cette crise grecque (origines et évolution), puis de ses répercussions sur la zone euro d’une part, et d’autre part sur la monnaie euro et enfin des politiques de lutte contre la crise et des mesures pour éviter sa propagation.

CHAPITRE I : LA CRISE FINANCIERE GRECQUE

Depuis maintenant plusieurs mois, les marchés sont très inquiets de la situation catastrophique des finances publiques grecques. La Grèce traverse en effet actuellement la pire crise budgétaire de son histoire, et les investisseurs craignent une propagation de ces difficultés au sein de la zone euro. La Grèce a vécu trop longtemps au-dessus de ses moyens sur des chiffres falsifiés, volontairement ou par négligence.

Il faut dire que peu avant cette crise, les marchés avaient été paniqués par la cessation de paiement de Dubaï. L’Emirat, très affecté par la crise, avait tout bonnement annoncé qu’il ne pourrait pas régler ses créanciers avant plusieurs mois...

Section 1 : Présentation de la Grèce

La Grèce est un pays du Sud-est de l’Europe, à l’extrémité de la péninsule des Balkans dont la capitale est Athènes. Elle couvre une superficie de 131957 km2 et comptait, en 2008, 10722816 habitants.

La Grèce est entrée dans la Communauté européenne (aujourd’hui l’Union européenne) en 1981, puis dans la zone euro le 1er Janvier 2001. Le 1er Janvier 2002, l’euro est devenu la monnaie officielle de la Grèce, selon le taux de conversion suivant : 1 euro = 340,750 drachmes. L’économie grecque repose largement sur la marine marchande, la première au monde, et sur le tourisme, qui représente 20% du PIB.

La balance commerciale de la Grèce est très largement déficitaire (52,8 milliards $ d’importations contre, seulement, 15,2 milliards $ d’exportations en 2004). Le pays importe principalement des matières premières, des hydrocarbures, des biens d’équipement et des machines. Les exportations concernent surtout le domaine de l’agroalimentaire (fruits, huile d’olive, boissons), le textile et le tabac. Les 2/3 des échanges s’effectuent avec les pays de l’Union européenne, et notamment l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, ainsi que la Russie.

Section 2 : Origines et évolution de la crise grecque

2-1 : Origines

L’élément déclencheur de la crise grecque fut la révision à la hausse par le nouveau gouvernement, en Octobre 2009, de la prévision du déficit public du pays pour l’année en cours. En effet, au lieu des 6% annoncés par le précédent gouvernement, le déficit passe à 12,7%, soit le double. La réaction des agences de notation ne se fait pas attendre. Elles baissent leur notation sur la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes, dont le montant global s’élève à 300 milliards €. Dès lors, le pays doit consentir à des taux d’intérêt bien plus élevés pour se financer sur les marchés du crédit.

Mais, pour toucher du doigt les réelles raisons qui ont conduit la Grèce dans le gouffre, il importe de remonter au moment de son entrée dans la zone euro mais aussi de prendre également en compte certaines réalités économiques.

  • La Grèce a triché pour cacher une dette publique « insoutenable » : il semble établi aujourd’hui que la banque américaine Goldman Sachs, par des montages complexes (swaps de devises) et des produits dérivés, ait permis au gouvernement grec de réduire fictivement sa dette publique de plus de 2 milliards € au moyen d’un prêt invisible. Cela aurait permis à la Grèce d’entrer dans la zone euro. Il est également établi que les gouvernements successifs ont fermé les yeux sur cette minoration de la dette publique.

Depuis 2001, la Commission européenne ne pouvait ignorer le peu de fiabilité des comptes présentés par la Grèce, mais en réalité elle ne voulait pas le dénoncer.

Si la Grèce a falsifié les chiffres pour présenter un déficit public ne dépassant pas 3% du PIB comme l’exige le pacte de stabilité, sa dette publique atteignait néanmoins 103,7% du PIB, alors que celle-ci ne doit pas dépasser 60% du PIB selon ce même pacte. On constate donc que des questions politiques et géostratégiques ont prévalu sur le respect strict du pacte de stabilité lors de l’intégration de la Grèce dans la zone euro. Ses meilleurs avocats étaient, en 2001, la France (2ème fournisseur en armement de la Grèce) et l’Allemagne. Les banques de ces deux pays sont aujourd’hui les premiers créanciers de l’état grec.

De nos jours, le non-respect du pacte de stabilité par les pays membres de la zone euro est évident. La quasi-totalité d’entre eux sont bien au-delà des limites qu’il fixe.

  • Le faible niveau des recettes fiscales : la principale raison est la proportion énorme occupée par l’économie souterraine en Grèce, qui dépasserait les 20% du PIB!

Une autre raison se trouve aussi dans le manque d’harmonisation fiscale au sein de la zone euro. Ce qui pousse la majorité des gros employeurs grecs a transféré leurs actifs dans des sociétés off-shore chypriotes (le taux d’imposition n’y est que de 10%). Signalons également le cas de l’église orthodoxe grecque qui bénéficie d’une exonération fiscale bien que championne nationale de détention de biens immobiliers.

  • La baisse du niveau d’activité : la crise des « subprimes » ainsi que l’euro fort ont frappé de plein fouet les secteurs clés de l’économie grecque, à savoir le tourisme et la marine marchande.

Voici, brièvement récapitulées, les principales causes de la crise financière sans précédent que vit la Grèce aujourd’hui, entraînant dans son sillage la zone euro.

2-2 : Evolution

En six mois, on est passé d’une crise des finances publiques grecques à un véritable test de survie pour la zone euro. En effet, la Grèce semble de nos jours reléguée au second plan tant il apparaît que c’est l’ensemble de la zone euro, et dans une moindre mesure l’Union européenne, qui est dans la tourmente.

Nous allons retracer ici l’évolution chronologique de cette crise à travers ses dates clés.

Chronologie synthétique :

  • 22 Octobre 2009 : L’agence de notation Fitch Ratings dégrade de "A" à "A-", avec perspective négative, la note financière de la dette de la Grèce.

  • 05 Novembre 2009 : Les premières estimations du budget font apparaître un déficit de 12,7% du PIB, le double de ce qui était initialement annoncé.

  • 08 Novembre 2009 : Le projet de budget 2010 vise à ramener le déficit à 8,7% du PIB. Il prévoit aussi que la dette atteigne 121% du PIB contre 113,4% en 2009.

  • 08 Décembre 2009 : Fitch passe de A- à BBB+.

  • 09 Décembre 2009 : L’impasse financière "menace la souveraineté nationale de la Grèce", pour la première fois depuis le retour de la démocratie en 1974, a affirmé le Premier ministre grec Georges Papandréou.

  • 10 Décembre 2009 : Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, appelle le gouvernement grec à prendre des mesures "courageuses" pour réduire son déficit budgétaire et sa dette.

  • 14 Décembre 2009 : Le Premier ministre Georges Papandréou annonce un programme de rigueur visant à rétablir les finances publiques grecques.

  • 16 Décembre 2009 : L’agence Standard & Poor’s abaisse la note de la Grèce de A- à BBB+.

  • 22 Décembre 2009 : Après Fitch et Standard & Poor’s, l’agence de notation Moody’s abaisse la note de la dette de l’Etat grec de A1 à A2 en raison de la dégradation de la situation financière du pays.

  • 14 Janvier 2010 : La Grèce présente les grandes lignes de son plan d’assainissement des finances publiques mais sans parvenir à convaincre les marchés de sa capacité à régler la crise de sa dette.

  • 03 Février 2010 : Le conseil des gouverneurs de la BCE "approuve" le plan d’assainissement des finances publiques présenté par Athènes, qui prévoit le retour du déficit public grec dans les limites du Pacte de stabilité européen en 2012.

  • 11 Février 2010 : L’UE annonce un plan d’aide à la Grèce, sans donner de détails satisfaisants.

  • 24 Février 2010 : Une grève générale d’un jour contre les mesures d’austérité touche le secteur public et les transports.

  • 25 Février 2010 : Mission conjointe de l’Union européenne et du FMI en Grèce.

  • 05 Mars 2010 : Nouvelles mesures d’austérité destinées à économiser 4,8 milliards d’euro avec notamment une augmentation de la TVA qui passe à 21%, une réduction de 30% des primes du secteur public, le gel des pensions, et une augmentation des taxes sur l’essence, le tabac et l’alcool.

  • 11 Mars 2010 : Nouvelle grève dans les secteurs public et privé.

  • 15 Mars 2010 : Les ministres des finances de l’UE se mettent d’accord sur un mécanisme d’aide à la Grèce mais restent muets sur les détails.

  • 18 Mars 2010 : Papandréou déclare que la Grèce ne pourra pas diminuer ses déficits si les taux restent aussi élevés et menace de s’adresser au FMI.

  • 11 Avril 2010 : Les responsables politiques des pays de la zone euro et le FMI se mettent d’accord sur un plan d’aide à la Grèce d’un montant de 110 milliards d’euro (dont 30 milliards apportés par le FMI).

  • 13 Avril 2010 : La BCE apporte son soutien au plan d’aide à la Grèce.

  • 26 Avril 2010 : La Grèce demande officiellement l’activation du plan d’aide.

  • 27 Avril 2010 : Standard & Poor’s dégrade la note des obligations portugaises.

  • 28 Avril 2010 : Standard & Poor’s dégrade la note des obligations espagnoles.

  • 03 Mai 2010 : La BCE annonce qu’elle acceptera les obligations de la dette publique grecque quelque soit sa note.

  • 05 Mai 2010 : Deux morts lors des manifestations de protestations contre les mesures d’austérité à Athènes.

  • 09 Mai 2010 : Mise en place d’un fonds de 750 milliards € pour venir éventuellement en aide aux pays de la zone euro qui se retrouveraient dans la situation grecque.

  • 12 Mai 2010 : L’Espagne annonce des mesures d’austérité.

  • 13 Mai 2010 : L’euro tombe à 1,25 $, son plus bas niveau depuis Mars 2009.

Le Portugal annonce à son tour des mesures d’austérité.

  • 14 Mai 2010 : L’euro chute à 1,2383 $, plus bas niveau depuis 18 mois.

  • 17 Mai 2010 : L’euro atteint son plus bas niveau depuis 4 ans.

  • 18 Mai 2010 : La Grèce touche une première tranche du plan d’aide en sa faveur d’un montant de 14,5 milliards €.

Les ministres des finances de la zone euro réunis à Bruxelles adoptent un texte concernant la régulation et le contrôle des hedge funds agissant dans l’UE, malgré une réticence du Royaume-Uni. Pour entrer en vigueur, le texte doit être adopté par le parlement européen.

  • 19 Mai 2010 : L’Allemagne interdit, de manière unilatérale, les ventes à découvert à nu sur les emprunts d’Etat de la zone euro, semant un vent de panique sur les marchés boursiers.

CHAPITRE II : REPERCUSSIONS DE LA CRISE GRECQUE

Entré officiellement et totalement en vigueur depuis le 1er Janvier 1999, l’euro est aujourd’hui utilisée comme monnaie dans seize des vingt-sept Etats de l’UE à savoir : l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, les Pays Bas, l’Irlande, la Grèce, la Belgique, le Luxembourg, la Finlande, l’Autriche, la Slovénie, la Slovaquie, Le Malte, la Chypre. C’est cet ensemble d’Etats ayant optés pour cette monnaie unique qu’on appelle zone euro ou Eurogroupe ou encore Euroland.

Avec cette crise grecque, plus personne de raisonnable ne nie – à quelques exceptions isolées – la crise de l’euro et, donc, de la zone euro. De même, plus personne de sensé – sauf quelques rares négateurs des faits les plus évidents – n’essaie plus de nier les causes réelles de la crise et ses conséquences, internes et externes à la zone euro. Bien évidemment, personne ne nie aussi la crise mondiale qui continue à faire sentir aux citoyens du monde ses terribles effets, crise mondiale qui frappe une zone euro affaiblie, divisée et sans cohésion.

Section 1 : Impact sur la zone euro

Plus les comptables de l'Union européenne et du FMI explorent les méandres financiers de la Grèce, plus les pires inquiétudes, envisagées il y a seulement quelques jours, s'avèrent. À tel point que certains acteurs de la scène économique craignent une implosion de la zone euro, les politiciens européens n'étant pas toujours sur la même  longueur d'onde. On savait que cette crise découlait du maquillage que les gouvernements grecs successifs avaient effectué avec la collaboration très intéressée de Goldman Sachs, on savait moins ou plutôt on mesurait moins combien l'offensive orchestrée début décembre par les fonds d'investissement avait été violente, brutale.

Les économistes ne semblent pas surpris par la crise grecque actuelle, qui prend ses racines dans le traité lui-même. Celui-ci précise qu'un Etat éprouvant des difficultés pour refinancer sa dette ne peut appeler à son secours ni la Banque Centrale Européenne (laquelle n'a pas le droit de « monétiser » les déficits en acquérant directement tel ou tel titre de dette publique), ni les Etats partenaires de la zone euro (clause dite de « non renflouement »). La conséquence logique serait alors soit un défaut (l'Etat en difficulté suspend le service de sa dette et négocie avec ses créanciers, par exemple, un rééchelonnement de ses versements), soit un recours au Fonds monétaire international. Le FMI ayant l'habitude d'accompagner les plans d'ajustement de fortes dévaluations monétaires, les marchés ont associé cette seconde éventualité à une sortie de la Grèce de l'euro, ce qui les inquiète presque autant que le risque de défaut. Or, le traité est muet sur la manière de résoudre la crise et donc de se passer du FMI. En outre les coûts juridiques, financiers et politiques à long terme pour un pays qui souhaiterait sortir de la zone euro, sont trop élevés, comme l’a démontré l’économiste américain Barry Eichengreen. Les pays de la zone euro sont donc condamnés à s’entendre ou à dépérir économiquement ensemble.

Les premiers effets auxquels est exposée la zone euro sont :

  • La contagiosité de la crise : la crise grecque est contagieuse, si la Grèce faisait défaut sur sa dette, pourquoi pas d'autres ?

Plusieurs autres pays membres se débattent eux aussi avec des déficits budgétaires énormes, et les investisseurs estiment qu’il y a un risque de défaillance de la zone euro dans son ensemble. Le tableau ci-dessous montre que la Grèce n’est pas la seule et que d’autres Etats sont menacés de faillite.

Tableau 1 : Etat de la dette publique dans les principaux pays de la zone euro (en % du PIB)

2007

2008

2009*

2010**

Accroissement depuis 2007

Autriche

59,4%

62,5%

70,4%

75,2%

26,6%

Belgique

84%

89,6%

95,7%

100,9%

20,1%

Finlande

-

33,4%

39,7%

45,7%

36,8%

France

63,8%

68%

75,2%

81,5%

27,7%

Allemagne

65,1%

65,9%

73,4%

78,7%

20,9%

Grèce

94,8%

97,6%

103,4%

115%

21,3%

Irlande

25%

43,2%

61,2%

79,7%

218,8%

Italie

103,5%

105,8%

113%

116%

12,2%

Pays-Bas

45,6%

58,2%

57%

63,1%

38,4%

Portugal

63,5%

66,4%

75,4%

81,5%

28,3%

Espagne

36,2%

39,5%

50,8%

62,3%

72,1%

Zone euro

66%

69,3%

77,7

83,6%

26,0%

*estimation ; **prévision. Source : Eurostat

N.B : pour la Finlande, le taux d’accroissement est calculé sur 2008

On voit bien sur ce tableau que le niveau de la dette en Italie et en Belgique est pratiquement équivalent à celui de la Grèce. L’Espagne, si elle est encore aujourd’hui à un niveau raisonnable, risque de les rejoindre dans peu de temps, en raison d’un taux de chômage qui atteint les 20%.

  • La crise est dangereuse pour le système bancaire européen convalescent : non seulement les titres de la dette grecque sont en grande partie détenus par des banques hors de Grèce, mais aussi certaines banques ont vendu, de gré à gré, des couvertures contre le risque sur la dette grecque (ces fameux CDS ou « credit default swaps »). L'absence de transparence à ce sujet étant propice à une nouvelle crise de confiance au sein du système bancaire.

    dette-grecque.jpg

Figure 1 : La dette grecque, par pays détenteurs (en%)

La crise grecque met en lumière, de manière dramatique, l'échec des dispositifs de contrôle, de coordination et de discipline au sein de la zone euro. Cet échec n'est pas tellement surprenant avec des Etats qui conservent toute souveraineté en matière budgétaire et fiscale. En adhérant à l'euro, les Etats membres ont cru abandonner leur seule souveraineté monétaire, conservant quasi intacte leur souveraineté budgétaire. On se rend compte aujourd'hui qu'ils ont sans s'en rendre compte mis le doigt dans l'engrenage du fédéralisme budgétaire. Les problèmes actuels de la Grèce, et, à terme d’autres pays de la zone euro, ne traduisent pas des difficultés de financement global de celle-ci, mais plutôt l’absence d’une véritable politique économique commune.

Le principal risque pour la zone euro, c’est le risque de la contagion qui est amplifié par les CDS qui accentuent les prises de positions spéculatives sur la dette souveraine. A cause des CDS, on peut craindre que la crise ne s’étende à l’Espagne et au Portugal, puis à Irlande et l’Italie, enfin au Royaume-Uni. L’Europe risque donc une nouvelle récession.

Cette carte nous montre les pays menacés par la crise et surveillés par les marchés :

europe-marche.jpg

Figure 2 : Les pays de la zone euro surveillés par les marchés

Les marchés ont quatre pays de la zone euro dans le collimateur : la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Irlande. Ils sont réunis sous l'acronyme «PIGS», inventé par les traders et popularisé par le Financial Times. Avec la crise, l'Italie a laissé sa place à l'Irlande. Leurs points communs ? Un niveau d'endettement public très élevé (entre 75 et plus de 100%) et des déficits courants - notamment commerciaux - supérieurs à 8% du PIB. L'Espagne, le Portugal et l'Irlande ont basé leur croissance sur l'immobilier, secteur qui s'est effondré avec la crise financière internationale. Privés de source de croissance, donc recettes, et plombés par le chômage, les PIGS voient leurs dettes et leurs déficits s'envoler depuis la crise. Guettés par les marchés, ils s'efforcent de réduire leurs déficits. Ils baissent les salaires, relèvent les impôts et l'âge de la retraite. Avec un risque majeur : que les plans d'austérité trop brutaux ne les plongent en récession. L'Irlande a été la première à se serrer la ceinture, ce qui l'éloigne des foudres des agences de notation. Les efforts du Portugal sont jugés moins crédibles que ceux de l'Espagne. L'Italie est préservée par les marchés. À 5% en 2010, son déficit public reste inférieur à celui de l'Allemagne.

Les données statistiques officielles des pays de la zone euro révèlent que : le PIB de la zone a chuté en 2009, officiellement, hors trucages possibles des données, de - 4%, un record historique dans la régression. Au passage, il sera noté quele PIB américain a cru en 2009, de 1,9%, à l’opposé de celui de la zone euro et de l’UE qui a fortement chuté. Un décalage s’opère aussi sur ce plan. Cette fracture rappelle que l’Europe perd sa place sur le marché mondial, au profit d’autres puissances ascendantes : Chine, Inde, Brésil, Russie, Corée du Sud notamment.

Cette crise grecque vient de mettre en évidence les insuffisances et les problèmes de la zone euro et de l’UE de façon générale.

Section 2 : Impact sur la monnaie euro

L'euro a protégé efficacement les pays de la zone du "tsunami" financier venu d'Amérique. Au sortir de la récession, à l'été 2009, on pouvait penser que le plus dur était passé : l'euro avait brillamment passé son baptême du feu. Et puis, la crise grecque est venue brutalement remettre en doute ces belles certitudes. La question qui pouvait apparaître comme totalement théorique est devenue centrale : se pourrait-il qu'un pays de la zone euro fasse faillite ?

Ce qui permet de répondre assez vite par la négative tient en une circonstance simple. Les Etats-Unis ont déjà tenté, à leur manière, l'expérience, en laissant la banque Lehman Brothers faire faillite... Il s'agissait alors de donner une leçon à la communauté bancaire. On a vu ce qu'il en a résulté. Gageons que les Européens ont appris la leçon, et ne joueront pas à leur tour aux apprentis sorciers.

Mais comme l'analogie avec Lehman le prouve aussi, il ne suffit pas de sauver la Grèce. Il faut revenir aux causes de la crise, et en déduire les corrections nécessaires. La crise grecque peut devenir salutaire, si elle permet de tirer des leçons utiles. Elle montre tout d'abord que le pouvoir d'audit de la Commission européenne sur les finances publiques des pays de la zone est faible, à l'instar des régulateurs bancaires qui n'ont rien vu des risques et engagements hors bilan des établissements qu'ils étaient censés surveiller. Il y a ici un pouvoir de contrôle essentiel qui doit être renforcé.

La crise grecque a rappelé une donnée simple et fondamentale : l'euro est la monnaie de l'ensemble de la zone, et pas seulement celle des pays les plus performants, ce dont les marchés des changes ne sont pas toujours conscients. Cela a déjà eu l'immense mérite de ramener l'euro à des niveaux raisonnables, au moment même où son appréciation contre le dollar menaçait d'étouffer l'économie européenne. On ne peut exclure que, par ce canal au moins, elle sonne le réveil de la croissance de la zone euro.

La crise grecque à peine calmée par l'adoption d'un plan d'aide financière international de 110 milliards €, la crainte d'une contagion au reste de l'Europe, tout particulièrement à l'Espagne, a fait rechuter, mardi 04 mai, l'euro et toutes les bourses européennes. Des rumeurs selon lesquelles d'autres agences de notation allaient dégrader la note de Madrid, après Standard and Poor's la semaine dernière, ont mis le feu aux poudres.

L'euro a continué à reculer face au dollar : pour la première fois depuis le 28 avril 2009, il est passé sous le seuil de 1,30 dollar. Vers 21 heures, l'euro valait 1,3001 $, contre 1,3187 $ lundi vers 23 heures. Il était tombé à 1,2994 dollar quelques minutes plus tôt. Le graphique ci-dessous montre l’évolution de la monnaie euro par rapport au dollar sur une période d’un an :

euro-1-an.jpg

Figure 3 : Variation de l’euro entre le 25 Mars 2009 et le 25 Mars 2010

Le 25 novembre 2009, au moment où les marchés ont commencé à paniquer sur la dette grecque, la monnaie unique s'échangeait contre 1,51 dollar, proche de ses records. Le 25 mars 2010, elle n'en valait plus que 1,33, soit une chute de près de 13% en quatre mois. Aujourd’hui, elle atteint des niveaux historiquement bas et flotte autour de 1,23 $. Durant cette période, la devise européenne n'a cessé de monter ou descendre au gré des nouvelles entourant une aide des États à la Grèce. Clairement, les deux sujets sont liés et les fonds spéculatifs américains sont des coupables tout désignés d’une part, le département de la Justice américaine a lancé, début mars, une enquête auprès des grands hedge funds de Wall Street pour vérifier qu'ils n'ont pas agi de concert contre l'euro, pariant ensemble sur sa baisse, et d’autre part, parce que les opérateurs craignent que les difficultés de la Grèce se propagent au sein de la zone euro. Personne ne veut donc acheter d’euros, et les investisseurs se reportent volontiers sur le dollar, particulièrement plébiscité en cette période d’incertitude sur la reprise mondiale, en raison de son statut de valeur refuge.

Certains critiques, notamment américains, voient en effet la crise grecque comme la preuve que le projet de l'euro ne pouvait de toute façon pas fonctionner compte tenu des divergences existant au sein de la zone. Mais il était prévisible que l'euro ne fonctionnerait pas parfaitement du premier coup : le processus d'apprentissage passe nécessairement par des essais et des erreurs. L’Europe réalise une union monétaire pour la première fois dans l'histoire moderne, et personne ne peut savoir par avance tout ce que cela implique. Ce qui importe, en revanche, c'est de corriger rapidement les dysfonctionnements.

CHAPITRE III : LES POLITIQUES DE LUTTE CONTRE LA CRISE

L’Europe a traîné des pieds, mais elle n’avait plus le choix pour éviter la faillite à la Grèce, emportée dans une tourmente financière depuis le début de l’année après avoir maquillé l’ampleur réelle de ses déficits. Il s’agit aussi d’empêcher une contagion de la crise, au Portugal ou à l’Espagne notamment, qui ferait vaciller toute la zone euro. La zone euro, après avoir longtemps renâclée, a finalement acceptée de mettre en place des plans de sauvetage pour la Grèce et les autres pays de la zone euro en difficulté en contrepartie de mesures d’austérité.

Section 1 : Le plan d’aide à la Grèce

La Grèce surendettée va bénéficier d’un plan de sauvetage commun Union européenne et Fonds Monétaire International de 110 milliards €, sans précédent de par son ampleur, en contrepartie d’une cure d’austérité impliquant de douloureux sacrifices pour sa population dans les années à venir.

Un accord sur le versement de cette enveloppe a été conclu dimanche 02 mai 2010 à Bruxelles pendant une réunion des ministres des finances de la zone euro.

    1. La participation au plan d’aide

Le programme financier met 110 milliards € à disposition de la Grèce sur trois ans pour lui permettre de faire face à ses obligations. Les états de la zone euro y participent à hauteur de 80 milliards €, dont 22,4 milliards apportés par l’Allemagne sur trois ans. Les 30 milliards € restants sont apportés par le FMI. Dès cette année, la Grèce va percevoir 45 milliards € de prêts. Le premier versement est intervenu le 18 mai dernier, veille d’une échéance importante pour les autorités grecques vis-à-vis de leurs créanciers. Le plan dépasse par son importance les programmes mis sur pied dans le passé pour l’Argentine, le Mexique ou pendant la crise asiatique à la fin des années 90.

    1. Objectif du plan

Cette enveloppe vise à éviter la banqueroute à la Grèce, confrontée à une dette colossale de plus de 300 milliards € et dans l’incapacité aujourd’hui d’emprunter sur les marchés financiers. Ceux-ci exigent d’elle des taux d’intérêt trop élevés (près de 9%).

Le ministre finlandais des finances Jyrki Katainen a fait valoir que la Grèce était « comparable à la Lehman Brothers », la banque américaine à l’origine de la crise financière mondiale. « Si elle chutait, cela ébranlerait énormément l’économie européenne » a-t-il révélé.

Section 2 : Les mesures d’austérité

Le plan d’aide mis en place en faveur de la Grèce n’est pas gratuit. En contrepartie, le gouvernement grec a mis en place un plan d’austérité impliquant de douloureux sacrifices pour sa population dans les années à venir. Ces mesures draconiennes devraient permettre à la Grèce de réaliser des économies de 30 milliards d’euros d’ici trois ans afin de ramener le déficit public sous le seuil européen de 3% du PIB d’ici 2014. L'accord comprend en outre des objectifs trimestriels fixés par le FMI et qui seront vérifiés. La Grèce encourt des sanctions en cas de non-respect de ses obligations. Dès la fin 2010 et en 2011, ces mesures devraient rapporter 15,4 milliards €, selon le ministère grec des finances.

Ce plan de rigueur décidé par le gouvernement grec en échange du plan d’aide de 110 milliards € a été adopté à la majorité absolue par le parlement. « C’est l’avenir de la Grèce qui est en jeu. Ce sont l’économie, la démocratie, la cohésion sociale qui sont mises à l’épreuve », a affirmé le Premier ministre grec, Georges Papandréou, lors du débat parlementaire sur les mesures d’austérité.

  • Les détails des mesures d’austérité adoptées par la Grèce

Voici, en détail, les principales mesures comprises dans ce plan d’austérité, mis en place en février, complété en mars et en mai.

  • Recettes :

Pour permettre la réduction du déficit budgétaire, le gouvernement a tout d’abord décidé d’augmenter ses recettes.

  • Nouvelle hausse de deux points du principal coefficient de la TVA qui passe de 21% à 23% (les autres coefficients de la TVA passent également de 4,5% à 5% et de 9% à 10%). Cela devrait rapporter 1,3 milliard €, soit 0,55% du PIB. Les impôts sur les héritages et les donations sont augmentés au moyen d’un barème d’imposition progressif instauré par une loi adoptée par le parlement en janvier 2010.

  • Une augmentation des taxes spéciales sur la consommation (les droits d’accise) est également prévue, ou déjà mise en place. Ainsi, la taxe sur l’alcool va grimper de 20%, soit une augmentation par bouteille de 1,20 €. Le tabac perçoit une augmentation de 63%. Les carburants n’échappent pas à la règle avec une progression de 0,08 € des taxes sur l’essence représentant une hausse de 0,1 € pour le consommateur et 0,03 € sur le gazole, soit + 0,04 € pour le consommateur. De nouvelles taxes sont également ajoutées aux produits de luxe (les voitures de plus de 35000 €, yachts, hélicoptères privés). En tout, la hausse des taxes spéciales sur la consommation doit rapporter 1,1 milliards €, soit 0,45% du PIB.

  • Il est également prévu d’introduire un droit d’accise sur l’électricité : 2,5 €/MWh pour les entreprises et 5 €/MWh pour les ménages, à l’exclusion de l’électricité produite à partir de sources d’énergie renouvelable. Les exonérations de droits d’accise concernant le diesel utilisé par l’entreprise publique d’électricité sont aussi supprimées.

  • A ces mesures vient se rajouter une nouvelle réforme fiscale. Elle comporte une nouvelle grille d’imposition des revenus ajoutant notamment un coefficient de 40% pour les revenus supérieurs à 60000 € au lieu de 75000 € actuellement. Les contribuables devront également fournir avec leur déclaration de revenus, les reçus pour tout achat de biens et de services. Et l’Etat veillera au grain, des mesures contre la fraude vont être mises en place. Elles comprennent la création d’un système d’évaluation objective des richesses extérieures (logements, voitures, bateaux, piscines,…) pour croiser la déclaration de revenus. Elles imposent également des caisses enregistreuses pour les taxis, les stations-service, les kiosques, ou encore les marchés de rue.

  • La Grèce a également décidé de créer un impôt sur les constructions illégales qui devrait représenter 1,3 milliards € de recette, et l’instauration de nouveaux impôts, notamment des taxes dites « vertes » sur les jeux d’argent et les bénéfices des entreprises.

  • Dépenses :

La réduction du déficit budgétaire passe aussi par une meilleure maîtrise des dépenses.

  • Les réductions des salaires nominaux et des retraites dans la fonction publique avec un impact de 1,7 milliards €, soit 0,7% du PIB.

  • La suppression des 13ème et 14ème mois dans la fonction publique compensée par une prime annuelle de 1000 € pour les fonctionnaires pendant trois ans. Ainsi qu’une réduction de 30% des primes de Noël, de Pâques et de vacances d’été.

  • Si le 13ème mois est maintenu dans le secteur privé, la flexibilité du marché du travail sera renforcée.

  • Réduction de 10% du financement par l’Etat des caisses de retraites de l’entreprise publique d’électricité (D.E.I.) et de l’opérateur grec des télécoms (O.T.E.) conduisant à une réduction des crédits budgétaires correspondants.

  • Toutes les pensions du secteur public et du secteur privé sont gelées. Cette mesure annule ainsi les augmentations annoncées et inscrites dans le budget mais elle ne concerne cependant pas le personnel de sécurité, le personnel infirmier et les enseignants.

  • La dernière mesure de rigueur pour limiter les dépenses est la réforme des retraites. Le gouvernement a décidé de reculer de cinq ans l’âge légal de départ pour les femmes, d’ici 2013, soit un départ à 65 ans. Est également prévu, l’allongement de la durée de cotisations à 40 annuités contre 37 d’ici 2015. Cette réforme instaure un âge minimum de départ à la retraite à 60 ans.

  • Le plan prévoit également des mesures pour renforcer la flexibilité du marché du travail, faciliter les licenciements et ouvrir à la concurrence une série de professions protégées.

Tableau 2 : Prévision de la croissance, du déficit public, de la dette publique et de l’inflation grecs sur ces 5 prochaines années

2010

2011

2012

2013

2014

Croissance du PIB

-4%

-2,6%

1,1%

2,1%

2,1%

Déficit public (% du PIB)

8,1%

7,6%

6,5%

4,9%

2,6%

Dette publique (% du PIB)

133,3%

145,1%

148,6%

149,1%

144,3%

Inflation

1,9%

-0,4%

1,2%

0,7%

0,9%

Le 05 mai dernier, pour protester contre les mesures d’austérité imposées, les deux principaux syndicats grecs organisent une grève générale, la troisième depuis février. A cette occasion, une manifestation dégénère et cause la mort de trois employés d’une banque incendiée par des cocktails Molotov. Malgré tout, pour certains observateurs, la participation aux manifestations a été, eu égard aux standards grecs, assez modeste.

Signalons enfin que l’Espagne et le Portugal ont pris à leur tour des mesures d’austérité les 12 et 13 mai derniers qui visent à réduire les salaires de 5% et de rehausser la TVA. L’Espagne signale que d’autres mesures sont prévues à l’automne 2010.

Section 3 : Le plan de soutien européen

Dans la nuit du 09 au 10 mai 2010, pour faire face à la peur des marchés et éviter que la crise grecque s’étende à l’Espagne, au Portugal voire à l’Italie ou à l’Islande, l’Union européenne en coopération avec le FMI se dote d’un fonds de soutien de 750 milliards €.

Cette enveloppe, sans précédent dans l’histoire récente pour un programme de soutien financier, inclut des prêts et garanties des pays de la zone euro, ainsi que des prêts du Fonds Monétaire International.

3-1 Décomposition du plan

Durant la journée du dimanche 09 mai 2010, le président Obama, soucieux d’éventuelles répercussions de la crise au reste du monde, téléphone deux fois à Angela Merkel et une fois à Nicolas Sarkozy pour leur faire part du fait que les Etats-Unis voulaient une « action résolue ». Dans la nuit, un plan de soutien européen est adopté. Il s’élève à 750 milliards € et se décompose comme suit : 440 milliards € de prêts et garanties apportés par les pays de la zone euro, 250 milliards € par le FMI et enfin 60 milliards € par la Commission européenne. Le 10 mai, la BCE décide de permettre aux banques centrales de la zone euro d’acheter de la dette publique et de la dette privée sur les marchés secondaires.

3-2 Réactions des marchés au plan

Le lendemain de l’annonce de ce plan, les marchés boursiers sont emportés dans une vague d’euphorie qui se traduit par des hausses de tous les indices boursiers : le CAC 40 gagne 9,66%, le DAX 5,30% et le Dow Jones 3,90%. Les marchés des pays en difficulté sont ceux qui enregistrent les plus grandes envolées, avec notamment une progression de plus de 14% de l’IBEX de Madrid. Les valeurs bancaires sont particulièrement à la hausse, car ils vont pouvoir apporter les emprunts publics « risqués » à la BCE. Le pétrole et, surtout, l’euro aussi repartent à la hausse.

Mais, dès le mardi 11 mai, les marchés et les analystes commencent à se rendre compte des limites de ce plan de soutien. En effet, dans le cas de figure où la France et l’Allemagne seraient appelées à mettre la main à la poche pour sauver l’Espagne, dont le poids économique est assez important au sein de la zone euro, ceci creuserait de manière significative le déficit public de ces deux pays qui se retrouveraient alors dans la même situation que l’Espagne ou le Portugal. C’est un brusque retour à la réalité, et les marchés replongent à nouveau entraînant l’euro dans leur sillage. Aujourd’hui l’euro est à son plus bas niveau depuis quatre ans.

Section 4 : Autres mesures

Différentes mesures, des plus logiques aux plus surréalistes, provenant de divers horizons (économistes, analystes, politiciens, citoyens…) ont été proposées pour sauver la zone euro de la faillite, car il s’agit bien à présent d’une crise de la zone euro et pas seulement de la Grèce. Parmi cette flopée de solutions, nous avons choisi de retenir quelques unes qui nous semblent assez pertinentes, mais cette liste est loin d’être exhaustive :

  • Un renforcement du système de surveillance en place ;

  • Un renforcement du pacte de stabilité avec introduction de sanctions disciplinaires pour les mauvais élèves ;

  • Une harmonisation fiscale au sein de la zone euro voire de l’UE, ce qui empêcherait l’évasion fiscale ;

  • La Commission européenne a récemment émis l’idée que les différents budgets des pays membres lui soient soumis avant adoption ;

  • La mise en place des instruments juridiques nécessaires pour faire face à ce genre de situation ;

  • Le texte sur la régulation et le contrôle des hedge funds adopté par les ministres des finances de la zone euro ;

  • Un contrôle accru des agences de notation ;

  • Une gouvernance économique européenne commune (qui nous semble primordiale)…

CONCLUSION

La situation que l’Europe vit aujourd'hui aurait pu être évitée, car les différents traités (Maastricht et Lisbonne) prévoyaient une coordination étroite des politiques économiques (« Les Etats membres considèrent leurs politiques économiques comme une question d'intérêt commun et les coordonnent au sein du Conseil », article 121 du traité de Lisbonne) et ce dispositif avait été renforcé par le Pacte de stabilité et de croissance adopté en 1997, visant à garantir la discipline budgétaire au sein de la zone euro.

Le handicap structurel de la zone euro est qu’il ne s’agit pas d’une véritable union économique et monétaire. En effet, pour être efficiente une UEM doit s’appuyer à la fois sur une politique monétaire commune mais aussi sur une politique budgétaire et fiscale commune ou du moins coopérative (ce qui implique aussi la mise en place d’une politique sociale commune). Or la zone euro, telle qu’elle est, permet la spécialisation des régions puisqu’il y a libre circulation des biens, du capital et monnaie unique ; mais il n’y a pas de mobilité du travail ni de fédéralisme fiscal ou social, puisque les transferts sociaux et les dépenses publiques restent financés sur une base nationale.

Aujourd’hui, les plans d’austérité annoncés pour un retour rapide à l’équilibre des comptes publics ne semblent tout simplement pas réalistes, car il s’agit pour les Etats de la zone euro de trouver des montants importants en peu de temps, tout en préservant la faible croissance. Ce qui n’est pas évident car cette zone était déjà affaiblie et par la crise financière mondiale et cette crise grecque ne fait qu’accentuer cet affaiblissement.

Dans les pays qui frappaient à la porte de la zone euro, le désir de rentrer dans ce groupe en crise faiblit. Ce constat est valable tant pour les sphères gouvernementales que dans les populations, au vu de cette crise qui a détruit la confiance dans les promesses faites en échange de sacrifices de plus en plus rejetés par les citoyens. Ceci est notoirement frappant en Pologne, mais pas seulement.

En un mot, l’objectif d’une zone monétaire unique européenne est gravement menacé : la façon dont l’Europe sortira de cette crise déterminera l’avenir de l’euro, de la zone euro et à terme de l’Union européenne. Ce qui est sûr, la crise grecque n’est qu’un avertissement. Il revient donc à l’Union Européenne de revoir le contenu de son traité et de modifier à temps les règles.

LEXIQUE

Austérité : gestion rigoureuse (de l’économie) pouvant aller jusqu’à certaines restrictions.

Avoir dans le collimateur : surveiller (quelqu’un) de près pour prendre en défaut.

Balkans : la plus orientale des péninsules de l’Europe méridionale, s’étendant sur la Bulgarie, la Grèce, la Turquie d’Europe, l’Albanie et les pays de l’ex Yougoslavie.

Cessation de paiement : impossibilité de faire face à ses dettes.

Credit default swap (CDS) : est un contrat qui échange de la protection sur le risque de crédit d'un émetteur d'obligations contre des versements périodiques et réguliers pendant la durée du swap.

De gré à gré : selon une convenance commune.

Déficit : supériorité des dépenses sur les recettes.

Droit d’accise : une taxe perçue sur la consommation (parfois aussi le seul commerce) de certains produits dans un territoire. L’accise est une taxe qui porte sur une quantité et non sur une valeur. Le terme accise est dérivé du terme accès.

Flopée : grand nombre indistinct (de personnes ou de choses).

Harmonisation fiscale : action de rendre cohérente ou complémentaire la politique fiscale des différents Etats de la zone euro voire de l’UE.

Méandres : circuit ou cheminement compliqués à parcourir.

Pacte de stabilité et de croissance : accord conclu entre les États membres de l’Union européenne (UE) qui vise à éviter une situation d’insolvabilité d’un des États membres de l’UE.

Produit dérivé : contrat dont la valeur est "dérivée" du prix d'autre chose, en général des "investissements au comptant", tels qu’actions, obligations, instruments monétaires, ou matières premières. Le produit dérivé d'une action, par exemple, peut donner le droit d'acheter une action à un prix fixé jusqu'à une date donnée. Dans ces conditions, la valeur de ce droit est directement liée au prix de l'action "sous-jacente". Si le prix de l'obligation monte, alors le droit d'acheter à un prix fixe devient plus intéressant; si elle baisse, le droit d'acheter à un prix fixe devient moins intéressant.

Renâcler : montrer de la réticence ou de la mauvaise volonté.

Société off-shore : société établi sur un territoire étranger à celui où se déroule l’activité, généralement pour bénéficier d’une fiscalité avantageuse.

Swap : (de l'anglais to swap : échanger) ou l'échange financier est un produit dérivé financier. Il s'agit d'un contrat d'échange de flux financiers entre deux parties, qui sont généralement des banques ou des institutions financières.

Yacht : bateau de plaisance (à voile ou à moteur).

WEBOGRAPHIE :

Grèce : crise et conséquences. Chloé Mahier et Guillaume Duval. Article web publié sur http://www.alternatives-economiques.fr

La crise grecque, un camouflet pour l’euro et la BCE, par Jacques Sapir (Directeur d’études à l’EHESS.

Article web publié sur http://www.marianne2.fr

Le sens de la crise grecque, par Pascal Franchet (Vice-président du CADTM France).

Article web publié sur http://www.mondialisation.ca

Site internet du Figaro http://www.lefigaro.fr

Site internet de France 24 http://www.france24.com

Site internet de Libération http://www.liberation.fr

Site internet du Monde http://www.lemonde.fr

Site internet de RFI http://www.rfi.fr


M. Sanoussy DABO

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